Moins de vingt-quatre heures après les attaques du 11 septembre 2001, l’Otan rentrait dans la lutte contre le terrorisme en invoquant pour la première fois de son histoire l’article 5 du traité de Washington considérant que ces attaques étaient dirigées contre l’ensemble de l’Alliance. Dans le concept stratégique que l’Alliance avait adopté en 1999, le terrorisme était déjà considéré comme l’un des risques majeurs pour l’Alliance. Toutefois elle s’est engagée activement dans cette lutte au lendemain du 11 septembre 2001. Le concept militaire de l’Otan relatif à la défense contre le terrorisme a été entériné par les chefs d’Etat lors du sommet de Prague le 21 novembre 2002. Lors du sommet d’Istanbul fin juin 2004, les pays de l’Otan ont convenu d’améliorer le partage des données du renseignement aidés en cela par le statut permanent de l’Unité du renseignement sur la menace terroriste (Terrorist Threat Intelligence Unit), implantée au siège de l’Otan. En plus d’autres décisions prises pour renforcer les capacités de lutte contre le terrorisme lors de ce sommet, les dirigeants de l’Otan ont officiellement adopté un « Programme de travail pour la défense contre le terrorisme » (Defence Against Terrorism Program of Work- DAT POW). Ce programme a été mis sur pied par les directeurs nationaux des armements, qui se réunissent officiellement deux fois par an dans le cadre de la Conférence des Directeurs nationaux des armements (CDNA), et vise à tirer au mieux parti des expertises et des programmes de recherche nationaux pour élaborer des technologies nouvelles ou améliorées de lutte contre le terrorisme.
Ce programme s’articule autour de dix projets prioritaires destinés à contribuer à la prévention de formes spécifiques d’attaques terroristes et à doter les militaires de nouvelles technologies de pointe pour détecter, démembrer et traquer les groupes terroristes :
a. La défense contre les EEI :
Pour contrer cette menace, l’Otan développe une connaissance détaillée de la manière dont les terroristes fabriquent et utilisent ces engins et de l’effet de souffle de chaque type d’entre eux. Parallèlement à cette base de données, un éventail très large de technologies utiles en la matière est étudié et ces technologies sont inventoriées. Cette étude des technologies utiles a donné en décembre 2005 un document reprenant plus de 100 applications (étude qui devrait être réactualisée en 2007-2008). Ces applications sont réparties entre prévention, détection et neutralisation des EEI. Pour chaque application, l’étude donne des commentaires sur la faisabilité, le coût, la maturité de cette technologie, les synergies avec d’autres technologies, les faiblesses et avantages, une liste des industriels ou universités compétents par application (plus de 800 !), etc. L’éventail très large des technologies étudiées va de l’utilisation de rayon laser, d’ondes TeraHertz, de micro-ondes, de lumière à des fréquences invisibles à l’œil nu et jusqu’à l’utilisation de rats ou d’abeilles. A titre d’exemple, une abeille a un taux de détection de vapeur d’explosifs situé entre 97 et 99 % et un rat entrainé à détecter des explosifs coûte +/- 1700 €. Au sein du CDNA, l’Espagne assistée par la NATO Consultation , Command and Control Agency (NC3A à Bruxelles et La Haye ) ainsi que par la Research & Technology organization (RTO à Paris) occupe une position de pointe en la matière.
La stratégie de l’OTAN face au terrorisme |