L’eau potable, une denrée en voie de raréfaction et inégalement répartie
Conséquemment à la croissance économique chinoise, les ressources en eau ont été considérablement polluées par le déversement dans les nappes et cours d’eau, de déchets industriels, d’eaux usées des villes et de différents engrais et pesticides agricoles. Au résultat, les agents de l’environnement chinois estiment qu’environ un tiers des rivières et une grande partie des lacs Tai Hu, Chao et Dianchi ont une eau de classe 5 ne pouvant servir qu’au refroidissement des installations industrielles et à d’autres utilisations très limitées.
Pour des raisons identiques les eaux côtières sont, elles aussi, fortement polluées par les rejets en produits azotés et phosphatés (l’agriculture chinoise est première consommatrice mondiale d’engrais). Ainsi un tiers des points de prélèvement disposés le long des côtes chinoises montrent une qualité d’eau 4 ou 5. La conséquence en est la prolifération d’algues toxiques entraînant, au rythme d’une soixantaine par an, des marées rouges, en mer de Chine, mer Jaune et en aval de différents fleuves chinois.
Environ 90% des nappes phréatiques à proximité des grandes métropoles, subissent le même sort du fait de la pollution par métaux lourds, nitrite, nitrate ou ammoniac.
La ressource en eau est, de plus, très inégalement répartie dans l’espace, entre le nord et le sud, et dans le temps, entre période de sécheresse et mousson. Alors que le nord compte 39% de la population et 35% des terres agricoles, il ne dispose que de 7,7% des ressources en eau tandis que 60 à 80% des précipitations ont lieu durant les quatre mois de saison des pluies.
Dans le même temps, les besoins en eau ont substantiellement augmenté. De 100 milliards de mètres cube en 1949, la consommation en eau est passée à 556 milliards en 1997, ceci alors que les projections prévoient une consommation de 700 à 800 milliards de mètres cube en 2030 atteignant ainsi le maximum des ressources disponibles. De plus, les rendements liés à l’utilisation de l’eau en Chine restent faibles au regard des standards occidentaux : ils sont environ 4 à 10 fois plus faibles tant en matière d’irrigation que d’utilisation au profit de l’industrie.
Au bilan, la ressource aquifère se raréfie (la surface des lacs chinois a été réduite d’un tiers de 1960 à 2000) et la qualité de l’eau tant en zone urbaine que rurale est mauvaise. Même si 96,8% des villes chinoises étaient équipées de réseaux d’alimentation en 1998, environ 75% des eaux de consommation n’obéissaient pas aux standards chinois, pourtant bien plus tolérants que les standards définis par l’Organisation Mondiale de la Santé. La situation est encore plus dramatique dans les campagnes où seulement environ 23% de la population bénéficie de l’accès à une eau dont 50% ne correspond pas aux standards nationaux ; l’on estime ainsi qu’environ 700 millions de chinois n’ont pas accès à l’eau potable.
Enfin, le détournement des cours d’eaux à des fins énergétiques et de développement pourraient entraîner des problèmes à long terme. Les exemples les plus significatifs des efforts gigantesques entrepris sont notamment le projet de détournement sud-nord ou le barrage des Trois Gorges. Outres, les problèmes écologiques évidents liés à la destruction des écosystèmes, ces ouvrages ont contraint plusieurs millions de personnes à quitter leurs habitations sans indemnisation et à céder leurs terres pour des zones moins fertiles en amont (1,5 millions pour le barrage des Trois Gorges, et depuis 1949, une dizaine de millions pour les aménagements apportés au Yang Tse). Néanmoins, le problème majeur réside sans doute dans la dangerosité ou le mauvais fonctionnement de 30400 des 85160 barrages que compte la Chine , notamment du fait de l’utilisation de matériaux de qualité insuffisante ou de l’inadéquation des structures avec les ressources à contenir. Ainsi, en 2003, 80 fissures ont été détectées sur le barrage des Trois Gorges, obligeant à des travaux d’urgence. Il en va de même pour les quelques 240000km de digues qui exigent un entretien constant : en 1998, des ruptures de digue sur le Yang Tse avaient entrainé l’inondation de 25 millions d’hectares de terres arables et le déplacement de 14 millions de chinois.
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