L’influence Américaine sur l'industrie Européenne


Entre 1947 et 1980, les états européens ont largement recouru à la coopération avec les Etats-Unis en matière de production d’armement, à la fois pour des raisons politiques mais également technologiques.  Ces programmes de coopération ont été menés soit dans le cadre de l’OTAN, soit dans un cadre bi ou trilatéral.
La coopération bilatérale s’est souvent résumée à une production sous licence où les Etats-Unis exerçaient une influence prépondérante. Cet état de fait a duré jusqu’à la fin des années soixante. Le meilleur exemple de cette période reste à ce jour le la production du F16 en Europe. Ce mouvement a pris une nouvelle ampleur au cours de la seconde moitié des années soixante-dix. Une étude a estimé qu’entre les années 1976 et 1980 les firmes américaines ont signé trois cent soixante-dix-sept nouveaux accords de production sous licence.
La coopération trilatérale, et une certaine forme de coopération bilatérale, soit ont donné naissance à des structures permanentes, consortium ou groupement d’intérêt permanents (GIE), soit se sont limités à une répartition des tâches dans le cadre d’un accord intergouvernemental.
Du point de vue de la balance commerciale, il est clair que la coopération transatlantique a été fortement asymétrique. Il convient de rappeler que « l’American Buy Act » permettait à l’administration américaine de mettre en place des barrières douanières importantes en invoquant les menaces des produits étrangers pour l’industrie américaine. Cet outil de protectionnisme pouvait accorder une préférence américaine même lorsque les prix étaient plus élevés de 6 à 12% pour les matériels civils et de 50% pour les matériels militaires d’achat aux producteurs
Les Etats-Unis n’ont pas hésité à modeler certains programmes coopératifs en fonction de leurs besoins. Le programme du Roland en est une excellente illustration. Ce missile sol-air a été produit par le GIE franco-allemand Euromissile. En 1974 il fut choisi par l’armée de terre des Etats-Unis. Les firmes américaines acquirent la licence du Roland et l’adaptèrent aux besoins de l’armée aux prix de coûteuses modifications. Elles imposèrent ensuite leur version sur les marchés hors de l’Europe limitant de ce fait les possibilités d’exportation d’Euromissile.
L’américanisation des licences était également une pratique courante. Non seulement elle concourrait à la politique de protectionnisme américain mais elle empêchait également les industries européennes de produire des séries suffisamment longues pour diminuer les coûts unitaires. La production de la famille des missiles air-air en est un autre exemple.
En 1978, l’OTAN décida de se doter des ces armements. Les Etats-Unis se chargèrent du développement d’un missile à moyenne portée (AMRAAM) et un consortium européen anglo-allemand de la version courte portée (ASRAAM). Il était convenu qu’à l’issue du développement les deux missiles seraient produits aux Etats-Unis et en Europe. Mais à la fin des années quatre-vingt, le consortium européen disparut du fait des dépassements de coûts, des retards et de la décision des Etats-Unis de ne plus acheter l’ASRAAM.
De manière générale, les programmes menés avec les Etats-Unis ont plus souvent échoué que ceux n’impliquant que des pays européens. Mais l’analyse des prémisses de la coopération ne peut se limiter à évaluer l’influence américaine en Europe. Une typologie de la coopération pour les grand pays européens permet de mesurer les profondes disparités au sein même de l’Europe.


L’influence Américaine sur l'industrie Européenne
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