La guerre est un conflit armé opposant plusieurs états ou plusieurs peuples dans des combats d’envergure et dont la finalité pour chacun des protagonistes consiste à imposer sa volonté à l’adversaire. Apparu dans l’histoire de l’humanité dés que des collectivités structurées et autonomes ont été mises en présence et savent organiser et manœuvrer des forces armées, la guerre a évolué en fonction des modifications affectant les sociétés et les techniques. Elle est désormais considérée comme un acte politique s’inscrivant dans la logique des relations internationales, dans laquelle seule sont prises en compte les notions de puissance et d’équilibre.
Tirant ses conclusions de l’analyse des guerres de la révolution française et des guerres napoléoniennes qui ont modifié profondément les conditions des conflits dans la mesure où, pour la première fois, elles impliquent la nation en armes, Clausevitz peut écrire dans De la guerre que celle-ci est « la continuation de la politique par d’autre moyens ». Ainsi la conduite de la guerre est subordonnée à politique c’est à dire aux intérêts majeurs de l’Etat. Si son but stratégique est de désarmer l’ennemi, son fin politique est de produire un nouvel équilibre entre les Etats, dont il résultera la paix. Pour Clausevitz, la diplomatie et la guerre constituent dés lors deux aspects d’une même action politique. Au cours du XX° siècle, ces théories ont été vérifiées lors du premier et second conflit mondial. xx strategie+
Après la première guerre mondiale, les nations ont tenté immédiatement d’organiser la paix de manière durable. L’arbitrage international confié à la SDN devait permettre de régler les différents entre les pays de manière pacifique. Plus encore, en 1928, le pacte Briand-Kellog ratifié par 63 Etats déclare solennellement la guerre hors la loi.
Si jusqu’alors, les belligérants sont considérés comme égaux, ce pacte introduit dans le droit international un traitement discriminatoire envers l’Etat qui aurait recours à la violence, en violation de ses engagements internationaux. En effet, afin d’édifier une Europe nouvelle fondée sur des principes et des rapports de force tels que la guerre soit désormais impossible, les alliés ont signé de 1919 à1923 des traités avec les vaincus. Ainsi, les traités de Saint-Germain (10 septembre 1919) et de Trianon (4 juin 1920 ) consacrent le démembrement de l’Autriche –Hongrie . Le traité de Neuilly 27 novembre 1919 a amputé la Bulgarie d’une partie de son territoire et doit payer des réparations. Le traité de Sèvres 11 Août 1920 consacre la défaite de la Turquie. Elle a perdu tous ses pays placés sous mandats britannique ou français. Mais, la pièce maîtresse des traités a été celui signé par les représentants de l’Allemagne à Versailles. Le II° Reich a cédé la place à la république dite de Weimar. Il n’est pas démembré, mais, sensiblement amoindri. Ce traité comprend des clauses territoriales, économiques, militaires et financières. L ‘Europe de Versailles a été caractérisée par un autre trait essentiel .C’est la constitution d’une société des nations(SDN). Un organisme permanent destiné à régler les litiges internationaux par l’arbitrage et l’élimination des deux facteurs de la guerre : la course aux armements et les anciens systèmes d’alliance.
Par ailleurs, les efforts en faveur de la paix ont continué à se faire comme en atteste la réconciliation franco-allemande à Locarno. L’Allemagne entre à la SDN en 1926 sous le patronage de la France. La présence à Genève des deux grands rivaux tend à cristalliser les préoccupations de la SDN sur les problèmes de sécurité collective en particulier de désarmement. L’Europe croit ainsi fait l’essentiel pour pérenniser la paix. Mais, tout ce statut politique de l’Europe aurait à peine eu le temps de se consolider que deux facteurs –un courant politique et idéologique : la montée des fascismes ;un courant économique : la perturbation des rapports internationaux consécutifs à la crise de 1929, rapidement grossi par la folie des hommes vont venir en saper les fondements et à partir de 1939 en provoquer l’effondrement. C’est le développement en Europe des régimes de dictature totalitaire et l’exaspération de leurs revendications qui vont ouvrir la voie vers la guerre en Europe avant de se généraliser dans tout le globe.
ORIGINES STRATEGIQUES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
La mondialisation de la 2° guerre mondiale s’explique non seulement par les héritages de la 1° guerre mondiale et les conséquences internationales de la crise économique de 1929, mais aussi et surtout par les affrontements des schémas géopolitiques des grandes puissances.
11 - Les héritages de la Première Guerre mondiale :
Si les années vingt apparaissent comme une période marquée par la volonté de bâtir une paix stable, la situation change radicalement avec les effets de la montée des fascismes et leurs agressions
111-Les efforts de paix
À la conférence de la Paix réunie à Paris, de janvier à mai 1919, le « conseil des quatre » (France, Royaume-Uni, Italie et États-Unis) avait imposé la volonté des vainqueurs aux vaincus, respectant peu les principes annoncés dans les Quatorze Points du président Thomas Wilson. Ainsi, les rancœurs furent nombreuses et alimentèrent les problèmes des relations internationales de l’entre-deux-guerres. L’Allemagne, considérée comme responsable du conflit, était non seulement amputée territorialement, mais aussi désarmée et, surtout, soumise au paiement, pour des décennies, d’énormes réparations. Elle jugea que le traité de Versailles qui lui était imposé était un diktat inadmissible.
L’Europe centrale et orientale se retrouvait morcelée : la disparition de l’Autriche-Hongrie se traduisant par la création de nombreux petits États souvent très fragiles, mécontents de frontières qui ne tenaient que fort peu compte des problèmes de nationalités — autant de germes potentiels pour de nouveaux conflits. Les vainqueurs s’étaient surtout préoccupés de construire « un cordon sanitaire » contre l’extension de l’idéologie révolutionnaire hors de l’URSS. L’Italie, bien que victorieuse, était elle aussi mécontente de son sort, estimant la victoire « mutilée », car ses revendications territoriales en Dalmatie et en Albanie n’étaient pas satisfaites. Le Japon jugeait très insuffisantes ses acquisitions en Asie.
La France, le Royaume-Uni et les États-Unis avaient plus ou moins atteint leurs objectifs de guerre ; ils avaient anéanti l’arsenal militaire allemand, réorganisé l’Europe. Cependant, très vite, leurs politiques divergèrent. La France, dirigée par Georges Clemenceau, n’avait pas obtenu les garanties qu’elle demandait contre l’Allemagne ; elle se heurta au Royaume-Uni, qui, avec Lloyd George, prônait une politique plus modérée à l’égard des vaincus. Les États-Unis, quant à eux, étaient retournés dès 1919 à leur politique isolationniste traditionnelle ; le Sénat, désavouant Wilson, refusa de ratifier les traités.
Aussi, la création, en 1920, à Genève, de la SDN répondait à un idéal généreux et soulevait un grand espoir : elle devait garantir la paix par la sécurité collective. Elle ouvrait une tribune internationale à tous les pays adhérents (mais seuls les vainqueurs ou les pays restés neutres pendant le conflit pouvaient y adhérer). Les pouvoirs de la SDN restaient toutefois limités à ses capacités de persuasion ; en cas de difficultés, elle ne pouvait prendre, contre un État récalcitrant ou qui contrevenait aux principes de l’organisation, que des décisions de sanctions morales ou économiques — ses membres étant libres de les appliquer ou non. En outre, les États-Unis, n’ayant pas ratifié le traité de Versailles, n’adhérèrent pas non plus à la SDN, limitant ainsi son action. D’autres indicateurs éclairent sur l’esprit pacifique des années vingt. Lors de la conférence de Washington, en février 1922, les principales puissances navales (États-Unis, Royaume-Uni, France, Japon, Italie) décident d’un commun accord de limiter leur flotte selon un ratio déterminé. Les accords de Locarno, issus de la conférence du même nom (du 5 au 16 octobre 1925) illustrent la courte période de réconciliation franco-allemande, sous l’égide des deux ministres des Affaires étrangères, Aristide Briand et Gustav Stresemann ; ils sont accompagnés par leurs homologues britannique (Joseph Chamberlain) et belge (Émile Vandervelde), ainsi que par Benito Mussolini, chef du gouvernement italien. Les accords signés garantissaient les frontières européennes, en particulier celles de la France et de la Belgique avec l’Allemagne. En 1926, la France, rassurée, accepta l’admission de l’Allemagne à la SDN. Autre symbole du pacifisme à son apogée : le pacte Briand-Kellogg (des noms du secrétaire d’État américain et du ministre français des Affaires étrangères), signé à Paris le 27 août 1928 par une soixantaine d’États, était un pacte de « renonciation générale à la guerre » dont les signataires s’engageaient à résoudre tous les conflits « de manière pacifique ».
112- La montée des fascismes et l'établissement des dictatures totalitaires
Au sortir de la Première Guerre mondiale, les problèmes liés à l’application des traités ainsi que les difficultés économiques et sociales auxquelles furent confrontés les gouvernements les fragilisèrent rapidement et favorisèrent la montée des contestations politiques, en provenance de la gauche révolutionnaire communiste, mais aussi de nouvelles organisations qui revendiquaient une idéologie nouvelle, le fascisme.
En effet, face à une situation de crise à la fois économique, sociale et morale, l’Italie s’oriente vers le fascisme dès 1920. En 1921, Benito Mussolini fonde le Parti national fasciste ; le 29 octobre 1922, il devient le chef du gouvernement et instaure une dictature nationaliste, fondée sur un État fort et dominée par un parti unique. Dans les années trente, de nombreux pays tombent à leur tour sous la domination de régimes dictatoriaux, plus ou moins directement inspirés du système italien ; les pays qui conservent un régime démocratique ne sont pas à l’abri du développement de partis fascistes plus ou moins virulents qui cherchent à déstabiliser les institutions. Les régimes fascistes se caractérisèrent par des politiques extérieures nationalistes, impérialistes et agressives, qui entraînent la déstabilisation des relations internationales et sont responsables du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Paradoxalement, dans un premier temps, l’Italie tente de se rapprocher des démocraties occidentales et, en avril 1935, à la conférence de Stresa, est signé un accord entre la France, le Royaume-Uni et l’Italie. Les trois États semblaient s’unir contre l’Allemagne, mais cet accord demeure lettre morte en raison des volontés d’expansion de Mussolini et de son rapprochement avec l’Allemagne nazie.
En Allemagne, après la première guerre mondiale, La République de Weimar, n’a pas pu surmonter la grande dépression consécutive à la crise économique de 1929. Face au mécontentement de la population, le Parti communiste et le Parti national-socialiste remportent de nombreux succès. En janvier 1933, Adolf Hitler, le chef du Parti nazi, est nommé chancelier par le président de la République Paul Von Hindenburg. Le Führer (« guide ») prônait un fascisme dont la spécificité essentielle était son racisme exacerbé. Face à l’humiliation du diktat de Versailles, Hitler met en avant la théorie du Lebensraum, c’est-à-dire le fait de procurer davantage d’espace vital au peuple allemand ; son appartenance à une race « supérieure », la race aryenne, donnant, selon lui, des droits sur les autres peuples.
Quant au Japon il n’adopte pas formellement un régime fasciste, mais l’influence de plus en plus grande de l’armée sur le gouvernement et sur l’empereur Hirohito amène le pays à une politique expansionniste dans toute la sphère de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Prenant, en 1931, le prétexte d’un affrontement d’importance négligeable avec les troupes chinoises près de Moukden (aujourd’hui Shenyang), les armées nippones envahissent toute la Mandchourie, le 18 septembre 1931, créant ainsi l’Etat satellite du Mandchoukouo. En janvier 1932, le Japon a conquit Shanghai et une partie du littoral, puis, dans les années qui suivent, étend sa domination à toute la Chine du nord. En 1937, lors d’une campagne d’une extrême violence, il cherche à s’emparer du reste de la Chine, dont il soumet les régions conquises à un régime d’occupation particulièrement sévère.
Enfin, en Russie, l’après Première Guerre mondiale est également caractérisé par l’avènement d’un nouveau régime politique, qui favorise l’installation d’une dictature (celle-ci ne reposait pas sur le fascisme, mais sur le communisme). En effet, en février 1917, la révolution des Soviets oblige le tsar Nicolas II à abdiquer. Puis, en octobre 1917, une nouvelle insurrection entraîne la mise en place d’un gouvernement soutenu par les bolcheviks et dirigé par Lénine. Le Parti bolchevique prend le nom de Parti communiste et une guerre civile a ensanglanté le pays. Ainsi, en 1922, un nouvel État est instauré, l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et bientôt Staline prend la direction du Parti communiste et du pays, instaurant un régime de terreur au sein d’un État totalitaire.
113- Les agressions des dictatures et les systèmes d’alliance :
Hitler s’engagea dans une politique de violation du traité de Versailles : dès 1933, il quitte la SDN ; en 1935, il dénonce les clauses de désarmement du traité de Versailles, reconstitue une nouvelle force aérienne, la Luftwaffe, réintroduit la conscription obligatoire (en mai 1935) ; il remilitarise, en mars 1936, la Rhénanie, sans déclencher d’autres réactions que des protestations oratoires de la France. Hitler met son nouvel armement à l’essai lors de la guerre d’Espagne, en soutenant les forces putschistes du général Franco. Cette opération, qui durae de 1936 à 1939, lui permet d’entrer en collaboration plus étroite avec Mussolini, qui soutenait également les chefs militaires rebelles. En outre, le Duce avait, dès 1935, commencé à mettre en pratique ses visées expansionnistes ; les armées italiennes s’étaient emparées de l’Éthiopie (3 octobre 1935), mettant en évidence les impuissances de la SDN, brouillant l’Italie avec le Royaume-Uni et la France.
Le rapprochement de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon aboutit à la signature de plusieurs traités d’alliance ; en novembre 1936, l’axe Rome Berlin est proclamé et, le 25 novembre 1936, un pacte Antikomintern, auquel l’Italie l’année suivante adhère, est signé entre le Japon et l’Allemagne. Les trois États constituent ainsi les puissances de l’Axe.
Hitler se lance dans une politique expansionniste en annexant l’Autriche en mars 1938. Mussolini lui apporte son soutien. Les démocraties européennes demeurent passives, s’inquiétant davantage de leurs problèmes de politique intérieure et considérant le problème du statut de l’Autriche comme une affaire interne à l’Allemagne . Les États-Unis, par ailleurs, avaient considérablement limité leur pouvoir d’action en cas d’agression d’un autre pays, en votant une loi sur la neutralité qui leur interdisait d’apporter une assistance matérielle aux nations en proie à un conflit international.
En septembre 1938, Hitler menace d’annexer par la force la zone frontalière de la Tchécoslovaquie, la région des Sudètes, où vivaient 3 millions d’habitants d’origine allemande. Le Premier ministre britannique Neville Chamberlain entame des négociations qui débouchent sur une conférence à quatre (lui-même, Hitler, Mussolini, et Daladier pour la France) ; ni la Tchécoslovaquie ni l’URSS n’étaient représentées. Le 29 septembre 1938 ont été signés les accords de Munich, par lesquels les Tchèques, sous la pression des Britanniques et des Français, cèdent la région des Sudètes à l’Allemagne, contre la promesse d’Hitler de ne pas s’emparer d’une plus grande partie du territoire tchèque. L’intégrité de la Tchécoslovaquie avait été sacrifiée par ses alliés, pour sauvegarder la paix . Discours de sir Neville Chamberlain après la signature des accords de Munich le 30 septembre 1938 : « Nous, chancelier allemand et Premier ministre britannique, nous sommes entretenus aujourd'hui et nous accordons à reconnaître que la question des relations anglo-allemandes est de première importance pour nos deux pays ainsi que pour l'Europe entière. Nous concevons l'accord signé la nuit dernière et l'accord naval anglo-allemand, comme les symboles de la volonté de nos deux peuples de ne plus jamais entrer en guerre l'un contre l'autre. ». « Peace for our time » (« la paix pour notre temps ! »), telle était la justification des accords de Munich donnée par sir Neville Chamberlain. Munich est le symbole de la passivité des démocraties. L’Europe est soulagée : les Britanniques, partisans affirmés de la politique d’apaisement, pensaient avoir obtenu « la paix pour notre époque », les Français étaient plus perplexes ; certains, très critiques, condamnent cette reculade, d’autres estiment qu’elle permettrait de gagner du temps pour se préparer à une guerre jugée inéluctable. Moins de six mois plus tard, en mars 1939, Hitler s’empare du reste de la Tchécoslovaquie et constitue le protectorat de Bohême-Moravie. Alarmé par cette nouvelle agression et par les menaces d’Hitler à l’égard de la Pologne (revendication de Dantzig et du corridor polonais), le gouvernement britannique déclare qu’il viendrait en aide à ce pays si l’Allemagne menaçait son indépendance. La France avait déjà signé un traité de défense mutuelle avec la Pologne.
Cependant, les puissances de l’Axe continuaient de s’organiser en vue d’une guerre et, le 21 mai 1939, l’Allemagne et l’Italie signent le pacte d’Acier, un traité d’assistance militaire. Face à la montée de la crise, l’Union soviétique de Staline occupait une place primordiale. Maintenant que la guerre menaçait, l’URSS se voyait placée devant une alternative : les deux parties lui proposaient des négociations. Les pourparlers avec les démocraties à propos d’un pacte d’assistance mutuelle n’aboutissent pas ; Staline jugeait son pays trop faible encore pour se lancer dans un conflit et Hitler lui faisait des propositions plus attirantes. Alliée avec le Royaume-Uni et la France, l’Union soviétique aurait été obligée de combattre alors que l’Allemagne ne lui demandait que sa neutralité. Ainsi, le pacte germano-soviétique est signé à Moscou, dans la nuit du 23 août 1939. La partie officielle, qui est publiée le lendemain, mentionnait que l’Allemagne et l’Union soviétique s’engageaient à ne pas intenter d’actions l’une contre l’autre : c’était un pacte de non-agression. Mais un protocole secret délimitait les « sphères d’influence réciproques en Europe orientale » et permettait à Staline de s’emparer de la Finlande, de l’Estonie, de la Lettonie et de la Bessarabie, territoire de la Roumanie ; les deux États décident également de se partager la Pologne. Le pacte germano-soviétique permettait donc à Hitler de continuer sa politique expansionniste sans craindre (au cas où les forces franco-britanniques se décideraient à intervenir) le risque d’avoir à combattre sur deux fronts.
Ainsi donc, la montée de régimes fascistes en Europe et en Asie ont remis en cause la volonté de bâtir une paix stable, et leurs agressions ont conduit au déclenchement de la guerre que les conséquences internationales de la crise de 1929 ont rendu mondiale .
12-Les conséquences de la crise économique de 1929 :
De par ses conséquences graves aussi bien sur les plans international, économique que politique, la crise économique a constitué une grande menace pour la paix.
121- Sur le plan international
Un nouveau climat, fait de méfiance et de rivalité tend à remplacer la confiance des années précédentes : c’est la fin des années de Genève .Il est marqué d’abord, par l’échec du projet de fédération européenne. Il est dû à l’opposition des nations hostiles au traité de Versailles, qui voient dans le projet un effort de la France pour le consolider, et l’Angleterre qui estime que de nouvelles institutions européennes nuiraient à l’autorité de la SDN. L’attitude anglaise s’explique aussi par des motifs économiques ; si la barrière douanière qui entoure la nouvelle Europe englobe l’Angleterre son commerce avec les dominions deviendra difficile. Mais aussi par des motifs politiques dans la mesure où l’organisation nouvelle risque de favoriser une hégémonie française et l’Angleterre veut se rapprocher des Etats-Unis
Ensuite, par la fin des réparations .En effet, devant la crise, le chancelier allemand Brüning déclare que l’Allemagne ne peut continuer à payer les réparations. Hoover lance alors le 20 juin 1931, sa proposition de moratoire général des dettes intergouvernementales pour un an. A l’expiration du moratoire, le gouvernement allemand se dit incapable de reprendre les payements. Une conférence international se réunit à Lausanne (juin –juillet 1932) .Elle finit par annuler, purement et simplement ,les réparations ramenées de 38 à 3 milliards, qui ne seront jamais versées .Cette liquidation est grave ,elle annule une partie du traité de Versailles et elle accroît les rancœurs françaises . Elle mécontente gravement l’Amérique, car les Etats-Unis continuent à réclamer leurs dettes à leurs anciens alliés .Le gouvernement anglais hésite ,puis s’exécute .La France « fait défaut » ,suivie par la Belgique ,la Pologne, la Grèce, provoquant de violents et durables ressentiments aux Etats-Unis .
Enfin, par l’échec de la conférence de désarmement. Cette conférence comprend 62 Etats, dont les Etats-Unis et les soviets qui ne font pas partie de la SDN. La France est tout de suite visée, son armée étant la plus importante d’Europe. Aussi veut-elle la création d’une force armée la plus internationale avant tout désarmement. Avertie par les événements, mal défendue par une frontière perméable, son mot d’ordre est : « sécurité d’abord, désarmement après ».Mais aucune des puissances ne soutient l’essentiel de la thèse française : l’organisation de la force internationale. Des commissions se forment, qui cachent mal le désarmement général. Pendant l’ajournement de la conférence, l’Allemagne annonce qu’elle ne reprendra sa place que si l’égalité complète des droits lui est reconnue. Elle revient cependant et l’accord du 10 décembre lui donne satisfaction .Elle s’autorise de ce texte pour accélérer son réarmement .c’est à ce résultat paradoxal qu’aboutit la conférence du désarmement.
Il est bien évident que la tentative a échoué, d’ailleurs, le 23 janvier 19323 Hitler a pris le pouvoir en Allemagne et cette date marque le crépuscule des traités de paix ,l’aube d’une nouvelle et formidable puissance .
122-Sur le plan économique
L’ampleur de la catastrophe va amener tous les pays à chercher des solutions, à l’intérieur comme à l’extérieur.
A l’intérieur, l’aggravation de la crise réduit les espoirs à néant et augmente les mécontentements. Elle a diminué le pouvoir d’achat des masses frappées par le chômage. La hausse des prix provoque des grèves dans des pays de liberté politique en particulier la France et les Etats-Unis .On va donc essayer d’accroître la demande intérieure .Deux grands moyens sont employés : les grands travaux et l’armement. Ce dernier à partir de 1935 surtout promet des résultats bien supérieurs .Il résorbe le chômage ; en effet beaucoup d’industries sont intéressées dans les fabrications de guerre, notamment l’industrie lourde qui demande une main d’œuvre considérable. De plus, l’extension des armements suppose celle du service militaire, qui offre aux jeunes chômeurs un emploi tout trouvé, provoque un appel de capitaux ; mais aussi, il emploie les matières premières les plus atteintes par la crise.
Pour toutes ces raisons, le réarmement amène une reprise réelle, surtout en Europe où les dépenses militaires augmentent pendant cette période de 80%. Mais, pour maintenir cette prospérité , la politique des armements doit se poursuivre. Or, elle constitue une grave menace pour la paix parce que , l’accumulation des stocks de guerre donne fatalement à un gouvernement le désir d’utiliser des armement acquis à grand frais. Aussi, la capacité d’absorption du marché a des limites ;une fois l’armée équipée ou suréquipée, il faut bien compter sur la guerre pour justifier la fabrication des armes . La guerre aurait l’avantage de fournir les marchés extérieurs nécessaires. La croissance économique par elle-même, comme pour les solutions qu’elle suggère, augmente les risques de guerre. Or, la recherche des débouchés extérieurs oppose encore les nations les unes aux autres.
A l’extérieur, les états essaient d’accroître la demande en conquérant des marchés extérieurs . Ils s’opposent en une véritable lutte . Chaque pays se défend par ses douanes, ses contingentements, ses prohibitions contre la concurrence de ses rivaux et attaque par le dumping
Mais, les perturbations monétaires et la guerre des blocs ont rendu encore plus difficile le commerce international : pour éviter les paiements, les états recourent à l’antique procédé de troc, ou aux accords de clearing[1].Malgré cela, les échanges en même temps qu’ils perdent leur ancienne liberté diminuent de volume. Dans cette situation, la Grande Bretagne, la France et la Belgique recourent au commerce colonial .L’Allemagne, l’Italie, le Japon ont une place à part dans cette crise de l’échange. Nations industrielles, à population très dense, ne possédant que peu ou pas de colonie, manquant de beaucoup de matières premières et démunies d’or, elles sont dans une situation particulièrement grave.
Ainsi, les blocs des états riches : les having (France, Angleterre, Etats-Unis) ont, à eux seuls ,80% de l’or mondial, tandis que les having not s’opposent sur le terrain économique comme sur le terrain politique. Les premiers ne songent qu’à maintenir une situation qui les favorise, les seconds recherchent des solutions nouvelles .Sur le plan politique la dictature, sur le plan économique l’autarcie, le pays doit vivre sur ses seules ressources. Quand l’autarcie ne s’exerce que sur le marché intérieur, les puissances capitalistes en sont déjà gênées ; lorsqu’elle s’étend et menace de leur enlever les clients, elle provoque une vive inquiétude. Or, précisément l’autarcie devient conquérante, avec le Japon et l’Allemagne en particulier. C’est ainsi que le chic des impérialismes économiques sera une des causes de la seconde guerre mondiale.
123-SUR LE PLAN POLITIQUE
La crise qui a conduit les peuples à la misère, et leur a montré l’absurdité d’un système qui a aboutit à laisser les foules mourir de faim devant les greniers pleins, va les amener à douter du régime parlementaire. Le régime libéral ne parait pas, en politique plus qu’en économie, pouvoir fournir les solutions nécessaires .Le mécontentement des masses sera utilisé par des chefs populaires. Les dictatures vont s’étendre et, en Allemagne celle de Hitler naît de la crise.
En effet, la conquête de pouvoir par Hitler a été facilitée par la crise intérieure. Le paiement des réparations, le peu de goût des Allemands pour l’épargne ont nécessité l’appel aux crédit étranger. Or, après 1929, les créanciers réclament leur fonds, d’où un effondrement économique qui touche surtout les petites et moyennes entreprises, et un chômage croissant, réunissant dans une même irritation petits patrons et ouvriers. Aussi dans toutes les classes, une même haine du capitalisme, des banques, de l’étranger en général se fait jour. Elle est mise à profit par les nazis qui utilisent aussi les rancœurs et les violences de la jeunesse exaspérée, importante dans ce pays de forte pression démographique. Dans ce contexte, on peut dire qu’une nouvelle période commence. La crise a mis fin à l’espoir qu’avaient naître les années 20 ; l’ère des violences va commencer et conduira à la seconde guerre mondiale.
Ainsi donc, en contribuant à la montée des régimes dictatoriaux et à la lutte sur le terrain économique, la crise de 1929 a été l’une des causes de la seconde guerre mondiale que l’opposition des schémas géopolitiques a rendu mondiale.
13-EPANOUISSEMENT ET AFFRONTEMENT DES GRANDS SCHEMAS GEOPOLITIQUES
La constitution d’un ’espace vital pour l’Allemagne, la politique expansionniste du Japon et la défense des empires coloniaux expliquent la mondialisation de la 2° guerre mondiale.
131-L’Allemagne de Hitler, idéologie et géopolitique
Selon Napoléon, « les nations font la politique de leur géographie ; chacune d’elles serait porteuse d’une vision géopolitique cohérente et permanente » Toute situation géographique donne lieu de la part des hommes à des interprétations multiples, opposées, évolutives. Le climat qui précède et caractérise la seconde guerre est bien marqué par une obsession de l’espace, mais celle-ci est à son tour conditionnée par les schémas idéologiques .Pour des écrivains, des historiens, des hommes d’Etat (Churchill, De Gaulle) les deux guerres mondiales peuvent être analysées comme les deux actes d’une seule et même tragédie. L’enjeu central en Europe est le même, la lutte contre la volonté hégémonique de l’Allemagne. Les modes de raisonnement des Etats dans la guerre de 1939-1945 prolongent systématiquement ceux des belligérants de 1914-1918 à savoir les revendications d’espace vital.
Hitler arrivé au pouvoir en 1933 a un programme, exposé dans Mein Kampf (Mon Combat, 1924-1925) .Ce programme se veut porteur à la fois d’une révolution sociale et politique, celle du national-socialisme, et d’un dessein extérieur, faisant de l’Allemagne la maîtresse du continent européen. Le 5 novembre 1937 donc à la veille de lancer ses défis majeurs à l’ordre de Versailles, Hitler réunit les principaux chefs militaires du Reich et leur expose son projet géopolitique. Comme l’explique Hitler, l’Allemagne ne dispose pas sur son sol des ressources lui permettant de se développer en autarcie économique. Par ailleurs une participation accrue de l’Allemagne au commerce mondial est trop aléatoire en particulier à une époque où, dans le sillage de la crise de 1929, les Etats ont multipliés les barrières aux échanges. Enfin, le monde est occupé, partagé ; il n’existe plus de territoire sans maître. La seule voie pour l’Allemagne consiste à obtenir, par la force des sources des matières premières dans des régions situées à proximité du Reich. C’est la constitution de l’espace vital par l’expansion vers l’est.
La politique de Hitler de 1939 à1942 paraît suivre ce schéma : annexion de l’Autriche; mainmise sur la Tchécoslovaquie ; partage de la Pologne avec L’Union Soviétique; élimination de la France, afin que l’Allemagne ne soit pas prise comme en 1914-1917 entre deux fronts ; enfin couronnement de la vision hitlérienne, attaque de l’Union soviétique en juin 1941 afin notamment de priver la Grande Bretagne de tout allié possible sur le continent.
En fait, la politique de Hitler s’organise en définitive autour d’obsessions idéologiques : débarrasser l’Europe des juifs, détruire le bolchevisme soviétique, réduire en esclavage les « sous hommes » slaves, assurer, pour mille ans, le règne des « surhommes » aryens. Ces obsessions entrent en contradiction avec les préoccupations géopolitiques. Ainsi, lors de l’occupation de l’Union Soviétique de 1941-1944, la férocité au nom de la race, ruine toute exploitation rationnelle des ressources de l’Est. De même, en Union Soviétique tant en 1941 qu’en 1942, Hitler repousse au second plan les buts géopolitiques et s’enferme finalement dans des objectifs de prestige : prendre Moscou au cours de l’automne 1941, tenir à tout prix Stalingrad durant l’automne 1942,
132-Le Japon: la rationalisation géopolitique d’une cascade d’engrenage
Depuis 1854, le Japon prend conscience que , s’il ne veut pas être colonisé comme l’Inde ou dépecé comme la Chine, il doit imiter en tout l’occident , donc se doter d’une constitution ; avoir une armée à la prussienne ; proclamer une religion d’Etat, le shinto ; s’industrialiser ; se tailler un empire par la guerre, au détriment de la Chine (1894-1895) , de la Russie ou de l’Allemagne en 1919 par la récupération de toutes les colonies allemandes dans le pacifique .
Alors, le japon des années trente, au moment où il s’engage en Chine dans une nouvelle poussée impérialiste, suit un dessein géopolitique. En fait, le Japon ne cesse d’être tiraillé entre plusieurs projets.
Dans les années trente, deux visions s’opposent au sein de l’appareil militaire. Pour le KODOHA, faction de la voie impériale proche des officiers de troupe ,le japon prenant appui sur la Mandchourie (devenue sous la direction du japon le Mandchoukouo en 1932) doit se construire un espace vital vers le nord (Mongolie, Sibérie), l’ennemi à abattre étant alors l’Union soviétique. Pour le TOSEIHA, faction de contrôle représentant plutôt les grades les plus élevés de l’armée, l’expansion du japon doit se diriger vers le sud, s’implanter en Chine et même en Indochine. A la suite de l’incident du 26-2-1936, au cours duquel de jeunes officiers extrémistes abattent plusieurs personnalités hostiles à leurs desseins, la reprise en main par le haut commandement entraîne la victoire de la faction Toseiha ; Et le japon s’enfonce en Chine, à partir de juillet 1937, et s’empare de presque toute la zone côtière.
Mais c’est bientôt l’impasse. La Chine souffre terriblement mais résiste, qu’il s’agit du gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek ou des guérillas communistes de Mao Zedong
Les Etats-Unis de Franklin D.Roosevelt ne sauraient accepter une Chine, une Asie fermées et gouvernées par le japon .A partir de 1940, ils établissent un contrôle sur leur livraison de ferraille et de pétrole vers le japon ; en juillet 1941, à la suite de la mise sous tutelle par le japon de l’Indochine c’est l’embargo total sur les fournitures de pétrole, condamnant à la paralysie la machine de guerre japonaise.
Soit le japon s’incline devant les exigences américaines (retrait d’Indochine et de Chine), soit il opte pour la fuite en avant. Tel un samouraï accomplissant la mort volontaire, le japon choisit une voie aux chances presque nulle de réussite : faire subir aux Etats- unies un désastre militaire tel qu’ils se résigneront à un compromis avec Tokyo (d’où l’attaque de Pearl harbor, le 7 décembre 1941) ; en même temps prendre le contrôle de toute l’Asie maritime et ainsi disposer des gisements de pétrole de Indes néerlandaises. Cette stratégie même s’il se traduit par des victoires impressionnantes (prise de Hong Kong le 25 décembre 1941 et de Singapour le 15 février 1942), se brise très vite sur la détermination et la puissance des Etats-Unis.
Alors que signifie le dessein géopolitique du japon ? En novembre 1938 le japon préconise un ordre nouveau en Asie orientale. A l’aube de la décennie 1940 , naît l’expression de sphère de coprospérité de l’est asiatique , avec la création du ministère de la grande Asie orientale. la sphère de coprospérité asiatique justifie un mélange de grands desseins et d’enchaînements d’actes , arrêtés dans l’urgence.
133-L’Union Soviétique de Staline ou la géopolitique de la forteresse
La géopolitique de l’union soviétique de Staline est façonnée par le caractère, la vie, les phobies de l’individu Staline.
Pour Staline, fidèle en cela à la démarche de plusieurs tsars, et se débarrassant de rêve de Trotski , l’Union Soviétique patrie de socialisme, doit être une forteresse à la fois quadrillée, surveillée à l’intérieur (police secrète, camp du goulag) et hermétiquement fermée sur l’extérieur.
Conformément à cette vision, le mouvement communiste international Komintern 1919-1943, doit être au service de cette stratégie. Il s’agit non de chercher une victoire universelle du communisme, mais d’utiliser les partis pour affaiblir les ennemis de l’Union Soviétique ou plus précisément tous ceux quels qu’ils soit que Staline redoute.
Lorsque, le 23 août 1939 est signé le pacte germano-soviétique, Staline est parfaitement logique avec lui-même. En concluant un traité de non–agression avec Hitler (qui n’a jamais dissimulé sa volonté de détruire le bolchevisme soviétique), Staline pense détourner la guerre de son pays et ainsi tirer, le moment venu, les marrons du feu, soit du conflit européen dans lequel vont s’entre-tuer, à partir de septembre 1939, l’Allemagne, la Pologne, la Grande Bretagne et la France. Mais le raisonnement de Staline, qui se méfie, pourtant, de tous les hommes, révèle deux faiblesses, aux conséquences tragiques : une insuffisante estimation de la force allemande, qui balaie l’armée française dés le printemps 1940 ; l’illusion d’une sorte d’entente du cynisme avec Hitler, en particulier par la fourniture de matières premières à l’Allemagne. Le 22 juin 1941, l’opération Barbarossa fait voler en éclats la collaboration germano-soviétique.
134-La France, Grande Bretagne et les Etats-Unis : le passage du mondialisme
Tout au long du XIX° siècle et même jusqu’à la Première Guerre mondiale, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont promu la mondialisation des échanges et l’ouverture des frontières. Elle réunissent des atouts fondamentaux : une considérable avance économique, qui fait d’eux des atelier des la planète. La Grande Bretagne et la France possèdent un immense empire, dans lequel elle font la loi, notamment économique, et qui assure tout de même des débouchés à leurs industries ; enfin la maîtrise des océans.
Avec l’apparition du grand rival allemand, ces atouts ne peuvent qu’être temporaires.
La charte de l’Atlantique , reprenant et amplifiant les quatorze points de Wilson, illustre le mondialisme défendu et qui s’étendrait à toute la planète : interdiction de toute modification territoriale sans le consentement des populations ; libre choix pour chaque peuple de son mode de gouvernement ; égalité devant l’échange et l’accès aux matières premières pour tous les peuples , grands ou petits , vainqueurs ou vaincus ; collaboration des Etats dans les domaines économique et social ; liberté en mers …Par cette déclaration commune, ces tris grandes nations marquent leur profonde unité face à l’atteinte à la paix mondiale. C’est pour cela que la Grande Bretagne a refusé toutes les offres de paix venant de Hitler. Et a insisté sur l’entrée en guerre contre l’Allemagne.
Ainsi donc, la nécessité d’un espace vital pour l’Allemagne et l’idéologie expansionniste du japon s’opposent aux intérêts de la France, de la Grande Bretagne et des Etats-Unis expliquant ainsi le caractère mondial de seconde guerre mondiale qui débutera d’abord en Europe.
DEROULEMENT STRATEGIQUE DE LA GUERRE
La seconde guerre mondiale est née en Europe entre les Etats et peuples de ce continent, pour s’étendre ensuite à l’univers, entraînant dans son cyclone presque tous les continents et tous les océans du globe
-LA PHASE EUROPÉENNE DE LA GUERRE (SEPTEMBRE 1939-DÉCEMBRE 1941
À l’aube du 1er septembre 1939, l’armée allemande entre en Pologne. Le 3 septembre, les Français et les Britanniques, enfin convertis à une politique de fermeté, déclarent la guerre à l’Allemagne, mais ils ne prévoyaient pas pour autant de porter une assistance active aux Polonais, assistance que la géographie rendait d’ailleurs presque impossible. Les États-Unis restent neutres, même si, dès le début du conflit, le président Roosevelt ne cache pas sa sympathie pour les démocraties.
Dans le domaine économique, la France et le Royaume-Uni n’étaient pas prêts à soutenir une économie de guerre; les deux États avaient besoin de temps pour convertir leurs industries et soutenir l’effort de guerre. En revanche, l’Allemagne était en état de soutenir une guerre. En ce qui concernait les ressources humaines, la supériorité était du côté des Alliés, grâce à leurs colonies. Dans le domaine militaire, les forces s’équilibraient à peu près; le Royaume-Uni ayant cependant l’avantage grâce à sa marine. En fait, les différences entre les deux camps n’étaient pas dans les forces en présence, mais dans les conceptions stratégiques : d’un côté, Hitler souhaitait mener une guerre courte et offensive, tandis que les démocraties, cherchant à gagner du temps, adoptent une stratégie défensive.
La Pologne opte pour une stratégie qui visait à défendre la totalité de sa frontière et se prépare à un conflit long qui serait précédé, pensait-elle, de plusieurs semaines d’escarmouches. Elle se trompait radicalement. Le 1er septembre 1939 au matin, des vagues de bombardiers allemands détruisent les voies ferrées et stoppent net la mobilisation polonaise. Quatre jours plus tard, deux offensives terrestres conjointes, l’une, au nord, par la Prusse-Orientale, l’autre, au sud, par la Silésie, percent le front en deux points, et deux divisions blindées se dirigent à vive allure vers Varsovie et Brest-Litovsk. Les Polonais font les premiers l’expérience de la blitzkrieg («guerre-éclair»), c’est-à-dire l’utilisation coordonnée des blindés (les Panzerdivisionen), de l’aviation et de l’infanterie motorisée pour encercler l’ennemi dans un mouvement en tenaille.
Entre le 8 et le 10 septembre, les Allemands bloquent Varsovie par le nord et par le sud, coinçant les troupes polonaises à l’ouest de la capitale. Le 17 septembre, ils ferment une seconde ligne d’encerclement de 160 km à l’est, près de Brest-Litovsk. Le même jour, conformément au protocole secret du pacte germano-soviétique, l’Armée rouge franchissait la frontière orientale. Le 20 septembre, pratiquement tout le pays était tombé aux mains des Allemands ou des Soviétiques et seules quelques enclaves résistaient encore. Varsovie, encerclée et soumise à des bombardements intensifs, tombe le 27 septembre; les troupes allemandes, en présence du Führer, y font une entrée solennelle le 2 octobre. Dès le 28 septembre, un nouvel accord germano-soviétique est signé à Moscou. Selon cet accord, l’URSS s’empare des territoires peuplés de Biélorussiens et d’Ukrainiens qu’elle avait perdus en 1921, tandis que l’Allemagne annexait la zone du corridor de Dantzig (voir Gdañsk), la Posnanie et la Silésie. Les conséquences de cette défaite sont dramatiques pour la Pologne; outre les destructions, les morts, les blessés et les prisonniers, le pays disparaissait en tant qu’État et allait être livré à une féroce exploitation, menée par un gouvernement général de Pologne institué par Hitler. Le gouvernement polonais en exil s’installe en France avant de gagner la Grande-Bretagne, en 1940.
À l’ouest, la stratégie française était strictement défensive, consistant à tenir les fortifications de la ligne Maginot. Une fois la Pologne anéantie, la France et le Royaume-Uni demeurent dans l’expectative, voulant éviter une sanglante répétition de la Première Guerre mondiale. Hitler semblait vouloir entreprendre des négociations, alors que, dans le même temps, il ordonnait à ses généraux de préparer une attaque des Pays-Bas et de la France. Les Français et les Britanniques se contentent donc, tout en essayant d’accélérer leur réarmement, de faire le blocus des côtes allemandes, ne croyant pas vraiment à une attaque d’Hitler. Ainsi, à part en mer, où les sous-marins allemands s’attaquent aux navires marchands, il n’y eut pas d’affrontement direct sur le front occidental . Pendant neuf mois, les armées françaises et allemandes restent face à face, sans rien tenter. Cette inactivité a eu des répercussions négatives au sein d’une opinion française, déjà très divisée quant à l’entrée du pays dans ce nouveau conflit. En outre, les Allemands s’efforcent d’affaiblir le moral des troupes françaises par une intense propagande, notamment radiophonique.
Staline avait des revendications territoriales concernant la Finlande. Ainsi, le 30 novembre 1939, après deux mois de conflit diplomatique, l’Union soviétique déclare la guerre à la Finlande. Staline aurait souhaité mener sa propre blitzkrieg, mais ses plans échouent. Les Finlandais, sous les ordres du maréchal Carl Mannerheim, étaient experts en matière de combat d’hiver; en outre, les troupes soviétiques étaient assez mal dirigées, en partie à cause des purges politiques dont avaient été victimes de nombreux officiers de l’Armée rouge dans les années précédentes. Les Finlandais résistent donc et continuent à se battre jusqu’à l’année suivante.
L’attaque de la Finlande et la résistance de son armée déclenchent une vague de sympathie internationale à l’égard de l’agressée — et une réprobation équivalente à l’égard de l’agresseur. Le conflit fournit aux forces franco-britanniques, en quête de stratégies périphériques, un prétexte pour tenter une intervention en Norvège alors que ce pays, tout comme le Danemark et la Suède, avait affirmé sa neutralité.
En Finlande, les troupes soviétiques continuent d’avancer et les Finlandais sont contraints de signer l’armistice le 12 mars 1940. Staline annexe une partie du territoire, mais laisse son indépendance au pays.
Hitler approuve finalement les plans d’invasion de la Norvège et du Danemark le 2 avril; les bâtiments de guerre prennent la mer le 7 avril. Pendant ce temps, un corps expéditionnaire britannique pose des mines près du port de Narvik. Les forces franco-britanniques avaient conservé l’idée de couper à tout prix la «route du fer» en minant les eaux norvégiennes. Cependant, le débarquement allemand commençe, sans rencontrer d’opposition sérieuse, dans la matinée du 9 avril. Les Allemands utilisent pour la première fois des divisions parachutées. Le Danemark se rend immédiatement et les débarquements s’effectuent sans encombre partout, sauf à Oslo. Là, un fort a bloqué l’approche par la mer et le brouillard a empêché toute intervention de l’aviation. L’artillerie côtière réussit à couler un navire allemand; néanmoins la capitale tombe à midi. Le gouvernement, prêt à se battre, s’était replié à Elverum, dans les montagnes; il rejoint bientôt le roi, réfugié au Royaume-Uni. Les tentatives franco-britanniques en Norvège, qui remportent quelques succès, sont interrompues par l’invasion de la France.
Les Norvégiens, aidés par des soldats français et britanniques débarqués, résistent dans la région située entre Oslo et Trondheim jusqu’au 3 mai. À Narvik, les Alliés résistent plus longtemps (jusqu’au 28 mai), mais les Allemands étaient avantagés par la nature accidentée du terrain et surtout par la lenteur des mouvements de leurs adversaires. Cependant, au début du mois de juin, la situation militaire catastrophique dans les Flandres oblige la France et la Grande-Bretagne à rappeler leurs corps expéditionnaires.
Au printemps, Hitler était satisfait de la nouvelle stratégie élaborée par son état-major : il s’agissait d’une réédition un peu modifiée du plan Schlieffen de 1914 ; le général Erich von Manstein et ses conseillers avaient persuadé Hitler d’attaquer en tenaille par le nord, aux Pays-Bas et par le sud, en Belgique, mais en créant un effet de surprise : le gros des troupes devait déboucher de la forêt ardennaise. Les Ardennes, vallonnées et boisées, n’étaient pas le terrain de prédilection des chars d’assaut, mais Manstein affirmait que l’ennemi ne s’attendrait pas à une attaque importante à cet endroit. Les tanks devaient ensuite se lancer vers l’ouest, encerclant les Belges, mais surtout les Britanniques et une partie des Français qui se seraient portés au secours des deux pays attaqués. Après avoir atteint la côte et écrasé l’ennemi en Belgique, l’armée allemande pourrait faire volte-face et procéder à l’encerclement du reste des armées françaises, massées le long de la ligne Maginot, dans le nord-est de la France.
Quand l’attaque est lancée, le 10 mai 1940, les deux camps étaient à peu près à égalité d’effectifs en hommes et en chars, mais les Allemands bénéficiaient d’une très nette supériorité aérienne (Stukas pour les bombardements en piqué) et de l’avantage conféré par le regroupement de leurs chars en divisions blindées. De plus, l’Allemagne imposait sa stratégie offensive alors que ses adversaires, adeptes d’une stratégie défensive, se retrouvaient surpris, débordés et devaient improviser sans grande cohérence entre les différents états-majors. Enfin, contrairement à ce qu’avaient préconisé certains membres de l’armée française (en particulier, le général de Gaulle), les chars n’étaient pas regroupés en divisions, mais dispersés parmi les troupes d’infanterie et, donc, dans l’incapacité d’affronter efficacement les formations blindées de Panzers.
Le 10 mai, les troupes aéroportées allemandes atterrissent en Belgique et en Hollande afin de s’emparer des aérodromes, des ponts, des nœuds ferroviaires ainsi que du fort belge d’Eben-Emael, sur la Meuse. L’armée hollandaise se rend le 14 mai 1940, quelques heures après que les bombardiers avaient détruit le secteur des affaires de Rotterdam.. Le 14 mai également, le gros des forces allemandes, précédé du groupe de Panzers, débouche des Ardennes, ayant balayé la résistance française et enfoncé victorieusement les lignes à Sedan; elles foncent vers la mer, passant derrière les armées françaises et britanniques, venues au secours des Belges. Le 21 mai, les Panzers, protégés par les Stukas, prennent Abbeville, à l’embouchure de la Somme, et continuent leur progression vers le nord, en longeant la côte. Le 26 mai, les Français et les Britanniques étaient acculés dans la poche de Dunkerque. Une flottille hétéroclite fut rassemblée en toute hâte à Douvres pour tenter de sauver le corps expéditionnaire britannique de la reddition. Du 28 mai au 3 juin, malgré les bombardements intensifs, 300 000 hommes (dont 100 000 Français) embarquent à Dunkerque et ont pu gagner la Grande-Bretagne.
Devant la débâcle des armées françaises et la perte de la région industrielle du Nord, le président du Conseil, Paul Reynaud avait limogé le général Gamelin, remplacé par le général Weygand, qui tente de reconstituer une ligne de défense de la Somme à la Meuse, sur l’Oise et l’Aisne. Mais, dès le 5 juin, cette ligne fut enfoncée et les divisions allemandes entament leur progression vers le sud, précédées de flots de réfugiés, jetés sur les routes de l’exode. Le 10 juin, jour d’entrée en guerre de l’Italie, le gouvernement français, le président de la République, Albert Lebrun, et le Parlement, suivis du corps diplomatique, quittent Paris, déclarée ville ouverte, pour s’installer en Touraine, puis à Bordeaux. Paris est prise par les forces allemandes le 14 juin.
Le gouvernement français était très partagé : certains ministres préconisaient de demander au plus vite l’armistice — c’était le cas du maréchal Pétain, ministre d’État, qui soutenait la proposition de Weygand — alors que Paul Reynaud, président du Conseil, Georges Mandel, ministre de l’Intérieur, ou Charles de Gaulle, qui venait d’être nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre, voulaient organiser la résistance, éventuellement depuis les colonies, si le gouvernement était contraint de quitter la métropole. Mais la progression rapide des forces allemandes et le sentiment qu’une majorité se dessinait désormais en faveur de l’armistice poussèrent Paul Reynaud à démissionner, le 16 juin. Le 17 juin, le maréchal Pétain, appelé par Albert Lebrun à former le nouveau cabinet, présentait aux Allemands une demande d’armistice. De Gaulle repartit en toute hâte pour le Royaume-Uni, d’où il allait lancer, le 18 juin 1940, le premier appel à la Résistance.
L’armistice fut signé le 22 juin 1940 à Rethondes, dans le wagon de l’armistice de. L’armée fut démobilisée, à l’exception d’une force de 100 000 hommes. La flotte désarmée devait passer sous contrôle italo-allemand. Les bâtiments français, qui, en rade de Mers el-Kébir, refusent de rejoindre la flotte britannique, par fidélité à Pétain, sont coulés, le 3 juillet 1940, sur ordre de Churchill, qui préférait ouvrir le feu sur les navires français avant qu’ils ne passent sous contrôle allemand
Au cours de l’été 1940, Hitler était devenu maître de l’Europe du cap Nord jusqu’aux Pyrénées. Seul le Royaume-Uni continuait la lutte : son nouveau Premier ministre (depuis le 10 mai 1940), Winston Churchill, refusait avec mépris les tentatives de négociations esquissées par l’Allemagne. Les États-Unis, choqués par la défaite de la France, entament bien un premier pas vers un engagement plus substantiel en votant la première conscription de leur histoire effectuée en temps de paix (septembre 1940, Selective Service Act, le service militaire sélectif) et en augmentant considérablement leur budget militaire, mais l’opinion publique refuse toute entrée en guerre.
Dans un premier temps, les Allemands espéraient soumettre les Britanniques en coupant leurs communications maritimes. En juin 1940, ils entreprennent la bataille de l’Atlantique, utilisant leur armement sous-marin pour couper le Royaume-Uni de ses ressources extérieures. Les Allemands disposaient maintenant de bases sous-marines en Norvège et en France. Les convois subissent donc les redoutables attaques allemandes jusqu’en 1943 et même au-delà.
Mais, durant l’été 1940, il semble à Hitler que la solution la plus expéditive pour en finir avec la Grande-Bretagne était de l’envahir, ce qui impliquait de faire traverser la Manche à son armée. Pourtant, Hitler ne souhaitait pas prendre un tel risque avant que l’aviation britannique ne soit neutralisée. De fait, la bataille d’Angleterre se déroule dans les airs et non sur les plages. Le 13 août 1940, la Luftwaffe (l’aviation allemande) lance des attaques de jour contre les ports et les aérodromes. À partir du mois de septembre, les bombardements massifs (le Blitz) deviennent plus violents, touchant les villes de l’intérieur. L’objectif allemand était triple : détruire le potentiel industriel britannique, terroriser la population et anéantir l’aviation du pays (la Royal Air Force, RAF). Mais les Allemands avaient compté sans un nouvel appareil, le radar, qui accrut grandement l’efficacité des Britanniques. Les pertes allemandes s’avérant très importantes, il est alors décidé de privilégier les bombardements nocturnes. Après les régions du sud, c’est Londres qui subit les attaques incessantes de l’Allemagne nazie. La Luftwaffe perd plus de 2 500 avions sans réussir à détruire la flotte aérienne britannique, ni à entamer le moral de la population civile, galvanisée par les discours de son Premier ministre. Le 17 septembre 1940, Hitler doit décider de différer l’invasion à une date indéterminée .
Ainsi donc, les zones du combat se sont déplacées de l’Europe occidentale vers l’Europe du nord et tendent à se généraliser.
VERS LA GENERALISATION STRATEGIQUE DE LA GUERRE
En septembre 1940, Mussolini tente sans succès d’attaquer l’Égypte, mais il est chassé par les Britanniques, qui occupent à leur tour une partie de la Libye. Puis, les Italiens prennent l’initiative en Grèce, à partir d’octobre 1940. Mais là encore, c’est un échec : les Grecs, aidés par les Britanniques, s’emparent de la Crète et résistent à l’invasion italienne. Ces opérations contraignent Hitler à une campagne dans les Balkans, ce qui retarde son projet d’invasion de l’URSS.
Ainsi, pour soutenir Mussolini en Afrique, Hitler a envoyé le général Erwin Rommel et deux divisions de blindés, l’Afrika Korps, au secours de ses alliés mis à mal. Rommel refoule les Britanniques jusqu’aux portes d’Alexandrie. Enfin, les Britanniques occupent l’Irak et s’emparent de la Syrie et du Liban, en mai 1941, avec l’aide des Forces françaises libres (FFL) du général de Gaulle.
En outre, comme il avait besoin de traverser leur territoire pour atteindre la Grèce, Hitler a fait entrer la Roumanie et la Hongrie au sein de l’Axe, en novembre 1940 ; la Bulgarie se joint à eux en mars 1941. Dans les Balkans, la Yougoslavie refuse de s’allier à l’Allemagne; Hitler ordonne alors son invasion.
Les opérations contre la Grèce et la Yougoslavie débutent le 6 avril 1941. Pour les Allemands, la principale difficulté résidait dans le transfert rapide de troupes depuis la France et l’Allemagne. L’attaque commençe donc par des raids aériens. Belgrade est bombardée le premier jour de la campagne. Le 10 avril, des offensives conjuguées furent lancées par le nord-ouest, le nord et le sud-est provoquant, le 13 avril, la prise de Belgrade et la capitulation de l’armée yougoslave, le 17 avril. La Yougoslavie est alors démembrée et un État-satellite, confié au dirigeant fasciste Ante Paveliæ, est créé en Croatie; mais les guérillas menées par les tchetniks nationalistes serbes sous les ordres de Draža Mihajloviæ, et les luttes des partisans communistes dirigés par Tito se poursuivent pendant toute la guerre.
En Grèce, l’armée fut submergée par la supériorité de la Luftwaffe et Salonique est occupée dès le 8 avril. Près de la moitié de l’armée a capitulé alors que la première armée grecque était bloquée au col de Métsovon, dans sa retraite depuis l’Albanie; elle s’est rendue à son tour le 22 avril 1941. le 27 avril, les troupes allemandes entrent dans la capitale, le Péloponnèse est conquis en quelques jours et, en mai 1941, l’Allemagne s’empare de la Crète. La majeure partie des troupes britanniques, accompagnées de forces grecques, ont réussi néanmoins à rejoindre l’Égypte, où s’installe le gouvernement grec en exil.
Durant l’année 1941, la guerre passe dans une phase nouvelle, celle de guerre mondiale. Alors qu’il menait des campagnes militaires dans les Balkans, en Afrique du Nord, dans le ciel du Royaume-Uni et dans l’Atlantique, Hitler commençe à déployer ses principales armées à l’est, ayant conclu contre l’URSS des accords avec la Finlande et avec les pays du sud-est de l’Europe, dont la Turquie.
Dès l’automne 1940, Hitler avait décidé d’attaquer l’URSS, étendant ainsi le conflit à toute l’Europe. Ce revirement des alliances s’expliqua par plusieurs facteurs : d’abord la région des Balkans était l’objet de rivalités entre les deux puissances; d’autre part, Hitler avait eu l’idée de mener une guerre préventive, c’est-à-dire d’attaquer l’URSS avant que celle-ci ne l’attaque. Mais l’antagonisme germano-soviétique était surtout idéologique. Le Führer considérait, en effet, le bolchevisme comme «le mal absolu, résultat du complot juif sur la domination du monde». Le plan d’agression contre l’URSS établi en décembre 1940, le plan Barbarossa, prévoyait d’attaquer la puissance soviétique avant qu’elle n’ait achevé sa préparation militaire. L’assaut est lancé le 22 juin 1941. Plus de 150 divisions allemandes et une quarantaine de divisions finlandaises, roumaines, hongroises et italiennes envahissent l’URSS. Face à elles, l’Armée rouge, mal équipée et mal préparée à la guerre, est submergée. Pendant les premières semaines, les combats se limitent à quelques escarmouches le long de la frontière. L’équipement soviétique était souvent obsolète, nombre de chars et d’avions étant d’anciens modèles; en revanche, certains tanks, particulièrement les fameux T-34, étaient de loin supérieurs à ceux de la Wehrmacht. Toutefois, un grand nombre d’avions sont détruits au sol dès le premier jour de l’attaque, et les chars d’assaut, disséminés au milieu des bataillons d’infanterie (comme ceux des Français en 1940), perdent toute efficacité contre les groupes de Panzers allemands. L’infanterie reçoit tout d’abord l’ordre de contre-attaquer, ce qui était impossible, puis on lui interdit de battre en retraite, la condamnant alors à la destruction massive ou à la capture.
Progressivement, les États-Unis abandonnent leur neutralité absolue et s’engagèrent dans une confrontation avec le Japon, en Asie et sur l’océan Pacifique. De nombreuses rencontres entre Américains et Britanniques, dès janvier 1941, déterminèrent une stratégie de base pour l’entrée en guerre des États-Unis, stipulant que les deux pays concentreraient leurs efforts sur l’Allemagne. Le 11 août 1941, une nouvelle rencontre entre Roosevelt et Churchill aboutit à l’élaboration de la charte de l’Atlantique. Les deux hommes se mirent d’accord pour parvenir à la « destruction finale de la tyrannie nazie » ; en outre, après le conflit devait être institué « un système de sécurité collective », afin « d’établir un régime de collaboration économique avec les États et restaurer les droits souverains des peuples ».
En mars 1941, le Congrès américain vota la loi prêt-bail : désormais, le matériel de guerre était prêté ou loué aux Alliés. De cette façon, les États-Unis espéraient assurer la victoire sur l’Axe sans engager directement leurs troupes. Toutefois, dès la fin de l’été 1941, les États-Unis étaient en situation de guerre non déclarée avec l’Allemagne. En juillet, des marines seront basés en Islande, occupée par les Britanniques depuis mai 1940, puis la marine militaire américaine se charge d’escorter les convois dans les eaux situées à l’ouest de l’Islande. En septembre, Roosevelt autorise les navires, en mission de convoyage, à attaquer les vaisseaux de guerre de l’Axe.
Entre-temps, les relations entre les États-Unis et le Japon continuent de se détériorer. En septembre 1940, le Japon contraint la France de Vichy à abandonner le nord de l’Indochine. Les États-Unis ripostent en interdisant à ses usines l’exportation d’acier, de fer, et de carburant pour avion vers le Japon. En avril 1941, les Japonais signent un traité de neutralité avec l’URSS afin de préserver leur front occidental, en cas de conflit avec la Grande-Bretagne ou les États-Unis — conflit prévisible dès lors qu’ils cherchaient à étendre leur influence en Asie du Sud-Est et à fonder une «sphère de coprospérité». Les Japonais décident alors d’intensifier leur progression dans le Pacifique. En juillet, le pays était maître de toute l’Indochine française. Deux jours plus tard, les États-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas gèlent les actifs japonais afin d’empêcher le Japon d’acheter du pétrole, ce qui, à la longue, devait paralyser son armée et rendre sa flotte et son aviation complètement inutilisables. Cette décision d’embargo précipite la décision japonaise dans le déclenchement de la conquête de nouvelles régions.
Jusqu’au mois de décembre 1941, le Japon poursuivit deux objectifs : la levée de l’embargo sur le pétrole, par un accord qui lui laisserait accès aux territoires qu’il convoitait, et la préparation à la guerre. Les États-Unis ordonnent au Japon de se retirer de Chine et d’Indochine. La tension augmente d’un cran avec l’arrivée du général Tojo Hideki à la tête du gouvernement japonais, le 16 octobre 1940 : c’était un partisan actif de la guerre, qui prônait une politique expansionniste du Japon.
L’armée et la marine japonaises avaient conçu un plan, dans lequel ils menaient de rapides attaques contre la Birmanie, la Malaisie, les Indes orientales et les Philippines, tout en établissant simultanément un périmètre de défense dans le centre et le sud-ouest du Pacifique. Leur principal souci était l’attitude de la flotte américaine du pacifique, basée à Pearl Harbor, au cœur de l’archipel d’Hawaii. Il est donc décidé d’éliminer ce risque en détruisant la base de Pearl Harbor, par surprise : quelques minutes avant 8 heures du matin, le dimanche 7 décembre 1941, l’aviation japonaise, embarquée sur des porte-avions, attaque. Le raid dure moins de deux heures; les Américains perdent 2 400 hommes, 18 navires et 150 avions. Avec cette attaque surprise, la marine japonaise remporte une brillante victoire; les Etats-Unis déclarent la guerre au Japon dès le lendemain, le 8 décembre 1941, ce qui changea le cours du conflit. L’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux Etats-Unis, le 11 décembre.
Ainsi, avec l’entrée en guerre de l’URSS et des Etats-Unis, la guerre s’étend au monde entier; le conflit se transforme alors en guerre totale.
LA MONDIALISATION DU CONFLIT (1941-1943)
Dans le cadre de l’invasion de l’URSS, sous le commandement suprême du maréchal von Brauchitsch, trois corps d’armées sont constitués, qui devaient avancer vers le nord, le centre et le sud en direction de Leningrad (actuelle Saint-Pétersbourg), Moscou, Stalingrad (actuelle Volgograd) et Kiev. La plupart des généraux allemands croyaient que le régime soviétique sacrifierait tout pour défendre Moscou, la capitale, cœur du réseau routier et ferroviaire, et l’un des principaux centres industriels du pays. Mais, aux yeux d’Hitler, les terres et les ressources de l’Ukraine et le pétrole du Caucase avaient davantage d’importance; il souhaitait également s’emparer de Leningrad, d’où la mise en place de ces trois corps d’armées. Les experts avaient indiqué que la victoire devrait être obtenue en dix semaines, détail important du fait de la brièveté de l’été russe, époque idéale pour combattre en URSS — mais les campagnes des Balkans avaient retardé les opérations de trois semaines. Effectivement, les premières semaines de combat se soldent par des victoires nazies. Les premières défaites soviétiques s’expliquent par le manque d’encadrement et d’entraînement de l’armée; de plus, l’état-major pensait que l’infanterie jouerait un rôle considérable dans le conflit, ce qui est une erreur tactique; enfin, pendant longtemps, l’URSS ne croit pas à l’imminence de l’attaque allemande. Pourtant, les premiers succès de la Wehrmacht ne sont pas définitifs et la résistance se développe. En outre, des facteurs naturels (la rigueur de l’hiver et l’immensité du territoire russe) jouent en faveur de l’Union soviétique.
Face à cette attaque, les Alliés soutiennent l’URSS : Churchill offre une alliance à l’Union soviétique attaquée et Roosevelt propose l’aide du prêt-bail dès le 26 juin 1941 ; cependant, les alliés anglo-américains demeurent pessimistes quant à l’issue du combat. Le 16 juillet, après avoir traversé le Dniepr, dernière barrière naturelle à l’ouest de Moscou, l’armée allemande s’emparait de Smolensk.
Les Soviétiques soutenaient leur effort de guerre pour défendre Moscou; ils pratiquaient la tactique de la «terre brûlée», préférant sacrifier leurs biens, plutôt que de les céder à l’armée nazie. Hitler n’était pas entièrement satisfait et, malgré les protestations de ses généraux, il ordonne au groupe d’armées du centre de stopper sa progression et de dévier l’ensemble de ses blindés, scindé en deux. Une partie devait se diriger vers le nord, afin de venir en aide au groupe d’armées qui, épaulé par les Finlandais, encerclait Leningrad (le siège de la ville dura deux ans); l’autre groupe, mené par le maréchal von Rundstedt, devait faire route vers le sud, ce qui permet de refermer un véritable piège, à l’est de Kiev, où sont faits des centaines de milliers de prisonniers. Hitler décide alors, début octobre, de reprendre la progression vers Moscou, qui redevenait l’objectif prioritaire.
En Asie, quelques semaines, les Japonais se rendent maîtres d’immenses possessions très éloignées les unes des autres, en combinant les forces maritime et aérienne. Au mois de décembre 1941, ils s’emparent de Hong Kong, qui appartenait à la Grande-Bretagne ainsi que des îles Gilbert (dans l’État de Kiribati), des îles de Guam et Wake (possessions américaines). Ils envahirent également la Birmanie, la Malaisie et Bornéo, colonies britanniques, ainsi que les Philippines, gouvernées par les Américains.
Singapour, possession britannique, tombe aux mains des Japonais en février 1942 ; en mars, le Japon occupe les Indes néerlandaises et débarque dans le sud de la Nouvelle-Guinée. Les forces américaines et philippines capitulent dans la péninsule de Bataan, le 9 avril, et la résistance des Philippines s’acheve avec la reddition de Corregidor, le 6 mai.
L’extension japonaise continue en direction du nord jusqu’aux îles Aléoutiennes, à l’est jusqu’aux îles Midway, au sud dans les îles Salomon et la Nouvelle-Guinée méridionale. Au cours de leur dernière opération menée par mer, ils veulrent s’emparer de Port Moresby à la pointe sud de la Nouvelle-Guinée; mais les Américains y ont envoyé un corps expéditionnaire. La bataille de la mer de Corail qui s’ensuit (4 au 8 mai 1942), menée entièrement depuis des porte-avions, force les Japonais à renoncer à cette dernière conquête.
Ainsi donc, la guerre de 1939 à 1945 s’est étendue à toute l’Europe. Elle a concerné l’Afrique du Nord avant de s’étendre au Proche-Orient et de gagner une grande partie de l’Extrême-Orient et du Pacifique.
Conclusion
En somme, la montée des fascismes et la mise en œuvre de leurs desseins ont conduit le monde à une guerre dévastatrice. Ainsi, Suivant sa théorie du Lebensraum («espace vital»), Hitler s’était donc lancé dans la conquête de nombreux territoires européens. L’expansion et l’occupation allemandes se manifestent diversement : annexion (Pologne occidentale, Alsace, Lorraine, LuxembourgSlovénie), occupation des territoires, avec la mise en place d’une administration allemande (nord e, t ouest de la France, Belgique, Norvège, Hollande), instauration de nouveaux gouvernements à la solde des nazis (Croatie, Slovaquie, Serbie, Grèce). L’exploitation économique de l’Europe prend également plusieurs formes : paiements de frais d’occupation, pillages des ressources agricoles et industrielles, prélèvements d’une partie de la production, réquisitions de main-d’œuvre, avec l’utilisation des prisonniers de guerre, l’appel à des travailleurs volontaires, puis l’instauration du Service du travail obligatoire (STO).
En Asie, l’occupation japonaise se concrétise par la conquête de territoires comme la Corée et Formose, l’instauration de protectorats (Mandchourie, Mongolie, Philippines, Birmanie) ou de colonies en Indochine, en Indonésie et en Malaisie. L’occupation japonaise est impitoyable, fondée sur des régimes militaires et policiers qui exploitaient les ressources économiques des territoires conquis.