La mondialisation est d’abord un phénomène économique qui revêt trois aspects essentiels : l’internationalisation des échanges commerciaux, l’internationalisation des firmes industrielles et enfin l’internationalisation des flux financiers. Ces trois phénomènes touchent surtout les pays de la « Triade » : Amérique du Nord, Europe occidentale et Japon, entre lesquels l’interdépendance économique est de plus en plus forte.
11. L’internationalisation des échanges commerciaux
Stratégie de la Mondialisation |
Le premier aspect de la mondialisation économique se manifeste par une croissance très rapide des échanges commerciaux entre les différents pays de la planète depuis 1945, notamment grâce à l’abaissement des barrières douanières.
La progression des échanges commerciaux (c’est-à-dire les exportations et les importations) dans le monde est spectaculaire. En effet, en valeur, les échanges commerciaux mondiaux représentaient 60 milliards de dollars courants en 1949, 700 milliards de dollars en 1973, et près de 6700 milliards de dollars en 2000. En 1949, 7% du volume de la production mondiale étaient exportés, 15% en 1973, et plus de 25% en 2000. En 50 ans, entre 1949 et 2000, la production mondiale a été multipliée par 6 alors que le volume des exportations de marchandises a été multiplié par 17.
Ces progressions spectaculaires des échanges commerciaux sont dues à l’abaissement progressif des barrières douanières, ce qui favorise le libre-échange. Ainsi, en 1949, les tarifs douaniers représentaient 40% de la valeur des produits exportés, c’est-à-dire qu’une entreprise qui voulait exporter une marchandise dans un pays étranger devait payer une taxe correspondant à 40% de la valeur de cette marchandise, ce qui est beaucoup. En quelques années, des négociations internationales ont cependant fait baisser ces tarifs douaniers : ainsi en 1967, les tarifs douaniers ne représentaient plus que 10% en moyenne de la valeur de la marchandise. En 1973, ils ne représentaient plus que 6,5% et en 1986 plus que 3,9 % en moyenne. Cet abaissement spectaculaire des tarifs douaniers depuis 50 ans est donc le principal responsable du développement croissant des échanges commerciaux.
Par ailleurs, on constate des évolutions différentes selon les types d’échanges commerciaux. En effet, les échanges commerciaux se divisent en deux grandes catégories : les services et les marchandises. En ce qui concerne les échanges de services, leur valeur a été multipliée par plus de 100 entre 1975 et 2000, atteignant aujourd’hui 1300 milliards de dollars. En ce qui concerne les échanges de marchandises, leur valeur a été multipliée par plus de 5 entre 1975 et 2000, atteignant près de 5400 milliards de dollars. Mais on remarque aussi que la part, en valeur, des produits agricoles dans les échanges de marchandises a fortement baissé au profit des produits manufacturés, comme le montre le tableau ci-dessous :
ÉCHANGES DE MARCHANDISES | 1963 | 1997 |
PRODUITS AGRICOLES (en % du total) PRODUITS MINERAUX (en % du total) PRODUITS MANUFACTURÉS (en % du total) | 29 % 16 % 52 % | 11 % 13 % 73 % |
Ainsi actuellement, 73 % de la valeur totale des échanges mondiaux de marchandises concernent des produits manufacturés.
12. L’internationalisation des firmes industrielles
Le second aspect de la mondialisation économique concerne l’internationalisation des firmes industrielles. Ces firmes sont ainsi qualifiées de « multinationales ».
Les firmes multinationales (FMN) sont la clé de voûte de l’économie mondiale. Une FMN est une firme réalisant au moins un tiers de sa production en dehors de son pays d’origine. On en compte aujourd’hui plus de 63 000, disposant de 690 000 filiales à travers le monde et créant à elles seules plus du tiers de la richesse mondiale. Les 200 plus grandes FMN, basées essentiellement dans les pays riches, emploient plus de 20 millions de salariés répartis sur l’ensemble des 5 continents. Les FMN sont de plus en plus « déterritorialisées », c’est-à-dire qu’elles implantent de plus en plus des filiales à l’étranger. Les 10 plus grosses FMN sont répertoriées dans le tableau suivant selon leurs chiffres d’affaires de 1998:
RANG | FIRMES | SIÈGE SOCIAL | ACTIVITÉ | Nombre de salariés à l’étranger | Nombre total de salariés |
1 | General Electric | États-Unis | Electronique | 130 000 | 293 000 |
2 | General Motors | États-Unis | Automobiles | ? | 396 000 |
3 | Royal Dutch/ Shell | Pays-Bas et Grande-Bretagne | Pétrole | 61 000 | 102 000 |
4 | Ford | États-Unis | Automobiles | 172 000 | 345 000 |
5 | Exxon | États-Unis | Pétrole | ? | 79 000 |
6 | Toyota | Japon | Automobiles | 113 200 | 184 000 |
7 | IBM | États-Unis | Informatique | 150 000 | 292 000 |
8 | BP Amoco | Grande-Bretagne | Pétrole | 79 000 | 99 000 |
9 | Daimler Chrysler | Allemagne | Automobiles | 209 000 | 442 000 |
10 | Nestlé | Suisse | Agro-alimentaire | 225 000 | 232 000 |
On constate d’après ce tableau qu’une grosse partie des salariés des FMN sont employés à l’étranger : les FMN pratiquent en effet très largement la « délocalisation » de leurs productions, là où les marchés sont les plus intéressants et où la main d’œuvre est parfois moins chère.
La délocalisation des emplois s’accompagne d’une augmentation constante des Investissements Directs à l’Étranger (les IDE), investissements permettant la construction de nouvelles usines de production. Les IDE, financés par les firmes multinationales, ont pris depuis les années 70 une ampleur exceptionnelle : 25 milliards de dollars annuels en 1970, 50 milliards en 1985, 200 milliards en 1990, 300 milliards en 1995, 800 milliards en 1999. Ces investissements à l’étranger faits par les FMN atteignent une telle importance que dans nombre de pays, notamment ceux du Sud, ils influencent la politique de certains gouvernements qui font tout pour les attirer. Pour les FMN, ces investissements sont également vitaux pour assurer leur développement et faire face à la concurrence que se livrent les multinationales entre elles.
13. L’internationalisation financière
Le troisième aspect de la mondialisation économique se caractérise par l’accroissement et l’internationalisation des flux financiers.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’espace financier international s’est massivement développé et en même temps s’est unifié. Chaque jour, actuellement, 1500 milliards de dollars changent de mains sur les marchés financiers, soit 60 fois la valeur des échanges commerciaux quotidiens. Ces capitaux se déplacent de marchés financiers en marchés financiers, à la recherche de profits immédiats. La libéralisation des économies et l’ouverture des frontières ont accru la mobilité de ces capitaux, et la spéculation financière internationale atteint actuellement des niveaux inégalés.
Les grandes places financières internationales, les bourses comme New York, Londres ou Tokyo, restent les grandes plaques tournantes de la circulation mondiale de ces capitaux. Elles forment un réseau financier fonctionnant 24 heures sur 24.
Cette internationalisation financière a son revers de médaille : si une crise financière grave éclate dans un pays, elle se répercute immédiatement sur l’ensemble de la planète, de manière plus ou moins forte selon les États et les bourses. C’est « l’effet domino ».
14. Les limites de la mondialisation économique
Toute la planète ne profite cependant pas de manière égale de l’interna-tionalisation des échanges commerciaux, des firmes de production et des flux financiers. Cette internationalisation de l’économie mondiale s’effectue pour l’heure essentiellement au profit des pays riches de l’Amérique du Nord, de l’Europe occidentale et du Japon : c’est ce que l’on appelle la Triade (ou l’oligopole).
Actuellement, 70 % des échanges commerciaux mondiaux sont réalisés entre les pays de la Triade. Ainsi, l’Amérique du Nord représente 15 % des échanges commerciaux, l’Europe occidentale 45 % et le Japon 10 % (schéma 1). Un petit nombre de pays émergents, comme les « Dragons » d’Asie du Sud-Est arrivent à représenter 12 % de ces échanges. Par contre, la Russie, le Moyen Orient, l’Afrique, l’Asie centrale et du Sud, la Chine ne représentent qu’une part très faible de ces échanges.
En ce qui concerne les 500 premières firmes multinationales, 44 % sont américaines, 32 % européennes, 16 % japonaises. Les 8 % restants sont partagées entre l’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen Orient.
S’agissant des IDE, ce sont là encore les pays riches de la Triade qui les attirent le plus. Cependant les « Dragons » et les « Tigres » d’Asie du Sud-Est, la Chine, et dans une moindre mesure l’Amérique latine, sont eux aussi assez attractifs. En revanche, l’Afrique et les pays d’Europe de l’Est ne reçoivent que des miettes.
La domination économique de la Triade est donc une caractéristique majeure dans le phénomène de la mondialisation.
La mondialisation est donc avant tout un phénomène économique. La multiplication des échanges commerciaux, le poids croissant des firmes multinationales et les flux mondiaux incessants de capitaux, sont l’expression d’une interdépendance économique de plus en plus forte entre les pays. Mais cette mondialisation ne s’opère pas partout de la même façon car elle agit surtout dans les pays de la Triade. L’Amérique latine, le Moyen Orient et l’Afrique restent encore des périphéries en partie à l’écart de la mondialisation.
Ce phénomène de mondialisation économique ne serait cependant pas totalement compréhensible si on ne soulignait pas le rôle de certains acteurs institutionnels : les grandes instances internationales commerciales et financières et les grandes associations régionales.
2. Les grands acteurs institutionnels de la mondialisation économique
La mondialisation économique est stimulée et encadrée par plusieurs acteurs institutionnels telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI). Mais les associations économiques régionales telles que l’UE ou l’ALENA jouent également un rôle fondamental dans l’accroissement des échanges.
21. Une grande instance commerciale : l’OMC
L’OMC a pour but de promouvoir le libre-échange, en contribuant notamment à abaisser les barrières douanières.
L’Organisation mondiale du commerce est née en janvier 1995 et remplace le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) créé lors de la conférence de Genève en 1947. Mais les principes restent identiques. L’objectif de l’OMC est de réduire, voire de supprimer, l’ensemble des obstacles au libre-échange, notamment les barrières douanières. C’est ce qu’a fait le GATT pendant 50 ans, et avec succès, puisque les tarifs douaniers ont été divisés par 10 sur la période. L’OMC rassemble aujourd’hui 134 États qui s’engagent à ne pas mener une politique qui aurait pour résultat de créer des entraves au commerce international. D’autres pays, tels que la Chine, sont actuellement candidats pour participer à cette instance internationale.
Plusieurs points font actuellement l’objet de vives discussions au sein de l’OMC. Il s’agit en premier lieu de l’agriculture. En effet, les États-Unis dénoncent les subventions agricoles accordées par l’Union européenne à ses agriculteurs dans le cadre de la PAC (Politique agricole commune). Ils font ainsi pression pour que ces subventions soient fortement réduites, dans la mesure où elles constitueraient une concurrence déloyale pour les agriculteurs américains. Le second point d’achoppement est relatif à «l’exception culturelle». Les Européens et surtout les Français souhaitent en effet que les produits culturels restent en dehors des négociations de l’OMC, dans la mesure où ils considèrent que la culture ne peut être marchandée. Enfin, les Européens souhaiteraient intégrer dans les accords de l’OMC des normes relatives à la sécurité alimentaire et à la protection de l’environnement. Une querelle oppose ainsi Européens et Américains au sujet des organismes génétiquement modifiés (OGM), comme le maïs, que certains Européens veulent interdire de commercialisation, contre l’avis des Américains. L’Europe dénonce également les subventions accordées par les Etats-Unis et les taxes douanières importantes qui cachent un certain protectionnisme économique.
22. Une grande instance financière : le FMI
Le FMI a notamment pour but d’inciter certains pays, principalement du Sud, à convertir leur économie au libéralisme, favorisant ainsi leur intégration dans le grand marché mondial.
Le Fonds monétaire international (FMI) a été fondé en 1944 lors de la conférence de Bretton Woods aux États-Unis. Ce Fonds est doté de trois fonctions particulières : assurer la stabilité des monnaies dans le monde, accorder des prêts financiers aux pays qui le demanderaient et, en échange, inciter les pays emprunteurs à libéraliser et assainir leurs économies.
Les bénéficiaires des aides financières du FMI ont évolué au cours des décennies. Jusqu’aux années 60, les prêts du FMI étaient en effet principalement destinés aux pays européens en pleine reconstruction, consécutivement à la seconde guerre mondiale. A partir des années 60, ces aides financières ont été généralement attribuées aux pays du Tiers-Monde.
Le FMI, depuis ces dernières années, a incité de nombreux pays du Sud à accélérer leur conversion à l’économie libérale, en échange de nouveaux crédits financiers. En effet, au cours des années 60 et 70, de très nombreux pays d’Afrique et d’Asie avaient opté pour des économies d’orientation socialiste, voire communiste. L’effondrement de l’idéologie communiste à partir de 1989, l’échec avéré des économies dirigistes ou collectivistes, ont amené plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine à se convertir au libéralisme économique. Ce mouvement, encouragé et encadré par le FMI durant les années 90, a donc facilité l’intégration de nouveaux pays dans le grand marché mondial, et ainsi accru le phénomène de mondialisation économique.
23. Les associations économiques régionales
La mondialisation économique a également pour acteurs les grandes associations économiques régionales. Celles-ci permettent la mise en place de vastes zones de libre-échange entre certaines régions du globe. Cette « régionalisation » stimule très largement la mondialisation des échanges.
La multiplication des alliances économiques régionales est une tendance majeure des années 90. Plusieurs pays ont ainsi fait le choix d’intégrer l’une de ces alliances, afin de ne pas rester à l’écart des effets bénéfiques de la mondialisation et de faire face plus efficacement à la concurrence mondiale, de plus en plus exacerbée. C’est le phénomène de la « régionalisation ». Ces alliances sont plus ou moins poussées : certaines ne sont que des espaces de coopération, d’autres sont des zones de libre-échange. Au sein de ces zones de libre-échange, les pays membres s’efforcent d’harmoniser leurs législations commerciales et financières, de favoriser la circulation des marchandises, des services et des capitaux en abaissant les barrières douanières.
Les 4 principales zones de libre échange dans le monde sont l’UE, l’ALENA, le MERCOSUR, et l’ASEAN. L’Union européenne (l’UE) est l’association économique la plus ancienne et la plus poussée. L’Accord de libre-échange nord-américain (l’ALENA) a été créé en 1994 et regroupe les États-Unis, le Canada et le Mexique. En Amérique latine a été créé en 1995 le Marché commun du Cône Sud (le MERCOSUR), regroupant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Enfin, en Asie a été créée en 1967 l’Association des nations du Sud-Est asiatique (l’ASEAN) regroupant aujourd’hui la Thaïlande, l’Indonésie, les Philippines, la Malaisie, la Birmanie, le Brunei, le Vietnam, le Laos, le Cambodge et Singapour. L’ASEAN a longtemps été une simple organisation de coopération régionale. Mais depuis le milieu des années 90, elle s’efforce de créer une vaste zone de libre-échange avec l’abaissement des tarifs douaniers. Ces 4 associations régionales de libre-échange ont également entrepris de coopérer entre elles.
Ainsi l’ALENA et l’ASEAN, rejointes par des pays tels que le Japon, l’Australie, la Russie et la Chine, ont choisi de se regrouper en 1989 au sein de la Coopération économique en Asie-Pacifique : l’APEC. Celle-ci a pour objectif la libéralisation totale des échanges entre les pays riverains du Pacifique pour 2010.
De même entre l’ALENA et le MERCOSUR, rejoints par tous les autres pays d’Amérique latine, et qui ont engagé en 1994 le « processus de Miami », dans le but de créer d’ici à 2005 une vaste « zone de libre-échange des Amériques », regroupant les 34 pays d’Amérique du Nord et du Sud à l’exception de Cuba : le FTAA (Free Trade Area of the Americas).
Il existe d’autres associations régionales économiques dans le monde mais ils ne s’agit pas de zones de libre-échange, seulement d’organisations de coopération économique plus ou moins actives. Citons par exemple la Communauté des États indépendants (la CEI) qui a succédé à l’URSS en 1992, le Conseil de coopération du Golfe (le CCG) créé en 1981, la Communauté de développement de l’Afrique australe (la SADC) créée en 1992, ou encore l’Union du Maghreb arabe (l’UMA) créée en 1989.
La mondialisation économique n’est donc pas seulement le fait des pays de la Triade ou de certaines firmes multinationales. Elle est aussi très largement stimulée par des institutions internationales telles que l’OMC, le FMI, les grandes associations régionales de libre-échange.
Outre ses aspects économiques, la mondialisation est également marquée par des aspects socioculturels.
3. La mondialisation socioculturelle et politique
La mondialisation socioculturelle se traduit principalement par une circulation accrue des hommes, de la culture et de l’information à l’échelle mondiale. Certains s’interrogent sur les menaces que ferait peser cette mondialisation sur la souveraineté des États, se plaçant ainsi sur un terrain plus politique.
31 Les flux migratoires
Après une période de ralentissement, les flux internationaux de migrants se sont accélérés depuis la fin des années 80. Actuellement, entre 150 et 200 millions de personnes vivent en dehors de leur pays d’origine. Ces flux participent au phénomène de la mondialisation socioculturelle.
Les flux migratoires peuvent avoir deux causes principales : des causes politiques ou des causes économiques.
Dans le premier cas, il s’agit de migrations de réfugiés, c’est-à-dire de personnes qui quittent un État dans lequel leur liberté et leur sécurité ne sont plus assurées, pour trouver refuge dans un pays étranger. Ils proviennent essentiellement de pays touchés par des guerres, des persécutions ethniques ou religieuses… On dénombre ainsi environ 50 millions de réfugiés dans le monde, venant des Balkans, d’Afrique ou d’Asie.
Dans le second cas, il s’agit de migrations du travail et de la pauvreté. On estime aujourd’hui entre 100 et 130 millions le nombre de migrants économiques dans le monde. Ces chiffres sont très imprécis en raison du fait qu’une grande partie de ces migrations sont clandestines, de plus en plus fortes au fur et à mesure que se ferment les frontières des pays riches. Ces flux de population relient surtout les pays pauvres du Sud aux États riches du Nord. Mais depuis la disparition du « Rideau de fer » en 1989, l’immigration en provenance d’Europe de l’Est s’est également considérablement développée. Ces migrants, en grande partie des travailleurs peu qualifiés, quittent leur pays à cause de la pauvreté, du chômage et recherchent dans les pays riches un emploi, un niveau de vie plus élevé, des prestations sociales. Dans le monde, on peut distinguer trois principaux foyers d’accueil des immigrés économiques (schéma 2) :
Les États-Unis : ils comptent 25 millions de travailleurs immigrés provenant essentiellement du Mexique, d’Amérique latine mais aussi de Cuba, des Philippines, de Corée, etc. C’est le premier pays d’immigration.
L’Europe occidentale : elle compte approximativement 25 millions d’immigrés provenant surtout d’Afrique du Nord, de Turquie et des pays de l’Europe de l’Est. Quatre pays (Allemagne, France, Royaume-Uni et Suisse) reçoivent le plus grand nombre de ces migrants. Ainsi l’Allemagne reçoit des populations turques et slaves. La France compte des millions d’immigrés du Maghreb et d’Afrique noire, provenant de ses anciennes colonies.
Les pays pétroliers comme l’Arabie Saoudite, la Libye, le Koweït ou les Émirats Arabes Unis, accueillent beaucoup d’immigrés d’Afrique et d’Asie, notamment d’Asie du Sud, d’Indonésie, des Philippines, etc., car la main-d’œuvre dans les pays pétroliers est insuffisante.
32. Vers l’uniformisation des cultures et des modes de vie ?
La mondialisation socioculturelle se manifeste également par une certaine tendance à l’uniformisation des modes de vie et des cultures, principalement sur le modèle américain.
La convergence des modes de vie des différents peuples du globe apparaît d’abord comme l’extension d’un modèle de civilisation dominant, c’est-à-dire le modèle américain. L’anglo-américain est déjà la langue de communication mondiale et sert de véhicule à une culture de masse. Cette culture de masse se manifeste par exemple par les films de cinéma (Titanic, Jurassic Park …) et les séries télévisées et qui sont exportés partout dans le monde. Cette culture de masse s’exprime également par le biais des multinationales qui diffusent des produits américains, lesquels sont des références de consommation dans le monde : Coca-Cola, Mc Donald’s, Levi’s, Marlboro, Walt Disney, Nike, etc., sont universellement connus. Progressivement, les modes de vie des peuples ont donc tendance à s’uniformiser, à se standardiser. Certains disent à « s’américaniser ».
Il convient cependant de nuancer car les modèles culturels et leurs particularismes demeurent encore profonds. Les cultures africaines ou asiatiques conservent de très forts particularismes. Dans certains de ces pays, la mondialisation culturelle est dénoncée car elle apparaît comme étant une forme « d’impérialisme occidental », menaçant les racines, les valeurs et les traditions locales. Parfois, la résistance à la mondialisation culturelle peut prendre une forme violente : comme par exemple avec l’islamisme, qui rejette la « modernité occidentale » ou l’idéologie des Droits de l’Homme, accusées de pervertir la civilisation musulmane. En Occident même, des particularismes culturels s’affirment également : québécois, basque, corse, etc. Certains pays comme la France réclament le respect d’une « exception culturelle » pour protéger leur culture de « l’invasion américaine ».
33. Les flux de l’information
Les flux d’informations sont sans cesse en augmentation et diffusés de plus en plus rapidement grâce aux progrès technologiques. Ils participent également au phénomène de la mondialisation culturelle.
L’information est désormais un facteur de production au même titre que la main-d’œuvre et les capitaux. Elle commande la stratégie des gouvernements, des états-majors militaires, des firmes industrielles et financières. Elle est aussi vecteur de culture. La diffusion de l’information a été accélérée ces dernières années grâce aux satellites, à la téléphonie mobile, à la mise en réseau des ordinateurs et surtout à Internet. Le « web » est devenu aujourd’hui sans nul doute le symbole le plus marquant de la mondialisation, de l’avènement d’une « société mondiale ».
Ce type de mondialisation se fait à l’initiative des États-Unis qui disposent d’une suprématie incontestée dans quasiment tous les domaines de l’information. Plusieurs éléments attestent cette très forte influence américaine. D’abord, l’anglais est désormais la langue quasi hégémonique, notamment sur le web. Ensuite les logiciels de navigation sur Internet ont été conçus aux États-Unis et les principaux pourvoyeurs d’accès au « Net » sont américains. Par ailleurs, les Américains sont très influents dans le domaine de la circulation des informations grâce à leurs grandes agences de presse, comme UPI ou Associated Press, et à des chaînes de télévision, comme CNN.
34. La mondialisation menace-t-elle l’indépendance des États ?
Pour certains, l’indépendance et la souveraineté des États sont menacées par la mondialisation, laquelle ignore de plus en plus les frontières des pays.
Depuis les années 80 et 90, il existe un débat sur le maintien de la souveraineté des États face au processus de la mondialisation.
Dans le domaine économique par exemple, on remarque que les États voient chaque année leurs marges de manœuvre se réduire face au poids croissant des marchés financiers, des instances telles que le FMI et l’OMC, des firmes multinationales, et face également à l’intégration croissante des économies nationales dans des associations régionales comme l’ALENA ou l’Union européenne. Dans ce dernier cas, les membres de l’UE ont perdu une grande partie de leur liberté d’action avec l’adoption de la monnaie unique : non seulement les Etats ont perdu leur souveraineté monétaire, mais en plus ils sont tenus de respecter des « critères de convergence » drastiques qui leur interdisent, par exemple, de recourir aux dévaluations, de modifier comme ils veulent leurs taux d’intérêts, etc.
Dans le domaine politique, le même reproche est fait par certains à l’encontre des OIG telles que l’ONU, organisation supranationale qui menacerait l’indépendance des États. Le « droit d’ingérence », et notamment le droit d’ingérence humanitaire, est vécu par certains États comme une atteinte intolérable à leur souveraineté. Ce fut par exemple le cas de la Serbie, lors de la guerre du Kosovo, qui n’a jamais accepté que l’ONU et l’OTAN s’immiscent dans ses affaires intérieures. Même réaction de l’Indonésie au sujet du Timor en 1999. Cependant, le pouvoir de l’ONU reste limité. Elle n’a ni les moyens financiers ni la puissance militaire pour être le gendarme du monde. Les résolutions qu’elle adopte ne sont que facultatives. De plus, la notion de « droit d’ingérence » n’a aucune validité juridique car elle n’est pas reconnue officiellement dans le droit international.
Conclusion
Notre planète est aujourd’hui parcourue par une multitude de flux aux proportions et aux vitesses jamais atteintes : flux de marchandises, flux de capitaux, flux de personnes ou encore flux d’informations. Cette circulation va en s’intensifiant et en s’élargissant sans cesse à de nouveaux espaces. Les régions du globe, ainsi reliées par une infinité de liens, sont de plus en plus interdépendantes et tendent vers une certaine uniformisation. De sorte que des observateurs n’hésitent plus à comparer notre monde à un « village planétaire » en devenir. C’est le phénomène de la mondialisation.
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