RELATIONS RUSSIE-OTAN
Avant la signature de l’Acte fondateur, les Russes avaient inscrit dans leur Conception de la sécurité nationale: « la perception de l’élargissement de l’OTAN à l’Est et sa transformation en une force dominante militaire et politique en Europe, créent la menace d’une nouvelle division du continent en plus d’une menace pour la sécurité nationale ». Comment, dès lors concevoir l’avenir de la relation RUSSIE-OTAN au regard de la poursuite éventuelle de l’élargissement ?UNE NOUVELLE PROBLEMATIQUE OTANIENNE
LA LIGNE DOCTRINALE DE L’ OTAN, OBJET DE DEBATS AU SEIN DE L’ALLIANCE
L’élargissement obéit à une stratégie globale d’ « enlargement » dynamique de l’économie de marché, qui est à la fois une fin en soi et une condition de la démocratie. Cette stratégie postule une consolidation de la communauté libre des démocraties en économie de marché mais aussi une aptitude à contenir les menées des états terroristes. Le Partenariat pour la Paix a naturellement vocation à devenir le champ d’exercice de cette politique.L’élargissement sert encore les desseins des Etats Unis dans la zone euro-asiatique. Cette stratégie totale induit une harmonisation dans les domaines économique, militaire et politico-stratégique. Elle passe par une mise au standard occidental des matériels, armements doctrines et formations d’origine russe.
A cet égard, le clientélisme américain pousse ses pions sous les formes les plus diverses. On peut citer à titre d’exemple la collaboration entre les Etats-Unis et les PECOS en vue de la formation de gardes nationales et de forces de réserve sur le partage du modèle américain concrétisé dans le Joint Contact Team Program, la forte contribution du commandement américain aux Groupes de Forces Interarmées Combinées (GFIM), ou encore le soutien financier de grandes firmes américaines de
l’armement aux marchés de la Défense des nouveaux adhérents de l’Alliance. Les pays intéressés par l’adhésion doivent désormais comprendre que la mission de l’OTAN est en train d’évoluer, l’amenant à assumer le rôle de « gendarme de l’EUROPE ».
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Les débats au sein de l’Alliance pour repenser la doctrine de l’OTAN ont cependant donné à observer que certaines conceptions américaines, d’ailleurs pas toujours partagées imprimaient aux nouvelles missions une tendance très extensive , révélant à l’occasion une coïncidence moins évidente des intérêts Américains et de ceux des Européens, qu’au temps de la guerre froide. Cette réalité renvoie certes au rapprochement franco-britannique de ST MALO et aux avancées notables dans l’échéancier de la politique européenne de défense arrêtée à l’occasion du sommet de NICE , mais elle va aussi au delà. En effet certains aspects continuent à faire débat, telles les modalités de la poursuite de l’élargissement ou le rôle du nucléaire.
Si l’action de l’Alliance peut toujours se concevoir dans le cadre des Nations Unies, elle peut aussi, en cas d’obstacle au niveau de Conseil de Sécurité, se décider sur la base d’un consensus s’analysant comme un mode d’auto-saisine et posant la question essentielle de la base juridique de ce mode d’action.
Les axes prioritaires pour d’éventuels futurs élargissements, vers le Sud et en direction des Pays Baltes constituent les termes d’une problématique nouvelle. Il s’agit en effet d’une part d’éviter de laisser les pays d’EUROPE centrale et orientale non membres, dans un vide sécuritaire qu’ils ressentent vivement en leur refusant toute perspective d’intégration, et d’autre part d’éviter de refouler la RUSSIE en marge de l’Europe.
La RUSSIE a depuis longtemps donné le ton en exprimant que l’admission dans l’Alliance des Pays Baltes ou de l’UKRAINE, constituerait pour sa sécurité un franchissement intolérable de la « ligne rouge », autrement dit, un point de non-retour crisogène. Car si aujourd’hui l’oblast de KALININGRAD voisine de manière pacifique avec une POLOGNE devenue membre de l’OTAN, les choses seraient à l’évidence perçues différemment pour les BALTES en raison à la fois des importantes minorités russes qui y vivent, et aussi du fait que le sentiment d’encerclement deviendrait réalité en faisant disparaître les dernières « zones-tampons ».
L’OTAN doit en conséquence s’interdire de jouer avec le feu en renforçant indirectement les forces nationalistes russes qui ne peuvent admettre la fuite des pays de l’ ancienne puissance soviétique vers l’Alliance. Après une première vague de trois admissions en 1999, reflet de choix minimalistes prudents et d’une logique davantage mercantile (aucun des nouveaux Etats n’était directement menacé, discontinuités territoriales entre les nouveaux admis et l’Alliance), il semble que contrairement à l’engagement pris à MADRID en 1997 de réexaminer les candidatures des Baltes, de la SLOVENIE et de la ROUMANIE, toute future admission sera subordonnée à un examen au cas par cas . Les Etats Unis ne souhaitent pas renouveler une procédure d’élargissement avec des pays qu’ils ne sentent pas prêts ou dont l’adhésion soulèverait plus de difficultés dans les relations avec la RUSSIE. C’est pourquoi ils préconisent une stratégie d’attente fondée sur la coopération bilatérale