L'OTAN: HISTOIRE, ROLE ET STRATEGIE

 Les enjeux stratégiques  et évolution de l'OTAN

La fin de la guerre froide a obligé l’OTAN à s’interroger sur ses raisons d’être, tant son existence était liée à l’opposition des 2 blocs. L’URSS démembré, il n’y avait plus à l’Est des adversaires potentiels à surveiller, mais seulement des partenaires en difficulté à aider. Cependant, la multiplication des conflits en Ex-Yougoslavie, et en Afghanistan, l’attaque terroriste du 11 Sept et la crise du Golfe ont apporté la preuve de la diversité des nouveaux dangers. La menace communiste qui avait l'avantage de la clarté a cédé la place à un risque plus diffus et moins bien localisé. L'instabilité croissante des pays de la méditerranée agités par la percée du fondamentalisme islamique, le terrorisme et les crises de tous genres, même en dehors de la zone couverte par le pacte, deviennent des risques importants qu'il faut prévenir et, le cas échéant, gérer et combattre.

Les enjeux de l'évolution de l'OTAN


Dans le but de s’adapter à cette nouvelle donne géopolitique, l’alliance a entamé depuis 1991 le processus de rénovation de son concept stratégique, de ses missions et de ses structures. Ce changement favorise également l'élargissement, le partenariat et la coopération avec d'autres pays des zones Euro-Atlantique et méditerranéenne en vue d'accroître la confiance mutuelle et la capacité d'action conjointe.






Qu’est ce que L’OTAN ?

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une alliance de 26 pays Nord Américains et Européens engagés à respecter les objectifs du  traité de Washington, signé le 4 avril 1949. Le rôle fondamental de l’alliance consiste à sauvegarder la liberté et la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires et à promouvoir la sécurité et le bien être dans la zone Nord-Atlantique. L'article 5 définit le principe de la défense collective et de l'assistance mutuelle.

Les Tâches de l’OTAN


Les Tâches de l’OTAN :

L’Alliance remplit les tâches de sécurité fondamentales suivantes :

1- Sécurité: Créer un environnement de sécurité Euro-Atlantique stable, fondé sur le développement d'institutions démocratiques et sur l'engagement de régler les différends de manière pacifique, sans recours à l'intimidation, à la  menace ou l'usage de la force.

2- Consultation: Constituer une enceinte transatlantique de consultation sur les questions d’intérêts communs.

3- Dissuasion et défense: Exercer une fonction de dissuasion et de défense contre toute menace d'agression visant un pays quelconque de l'OTAN.

4- Gestion des crises: Contribuer à la prévention efficace des conflits et à s'engager activement dans la gestion des crises.

5- Partenariat: Promouvoir des relations de partenariat, de coopération et de dialogue avec d'autres pays de la région Euro-Atlantique, en vue d'accroître la transparence, la confiance mutuelle et la capacité d'action conjointe avec l'Alliance.

Stratégies:

§ 49-67: Représailles massives, Effets de dissuasion;

§ 67-80: Dissuasion, Riposte graduée jusqu’à l’engagement militaire;

§ 80-91: OCA: Neutraliser le potentiel aérien ENI;

           FOFA: Interdire 2°ech intervenir au profit 1er ech;

§ 91-01: gestion des crises et maintien de la paix (Bosnie, Kosovo);

§ 01----: Nouvelles menaces : Terrorisme, ADM

Le Commandement Militaire:

Auparavant, la structure de Cmdt militaire reposait sur une division géographique: une pour l'Europe, Cmdt allié pour l'Europe (SACEUR), basé en Belgique, une pour l'Atlantique, Cmdt allié pour l'Atlantique (SACLANT), basé É-U, chapeautés par un Cmdt unique, le Groupe de Commandement.

Depuis 2003, il n'y a qu'un Cmdt assumant des responsabilités opérationnelles, le Cmdt allié "Opérations" (ACO), commandé par le SACEUR. Il dirige 3 E-M interarmées (Pays-Bas, Portugal, Italie) et 6 E-M de composante (air, terre, mer). Le SACEUR continuera d'exercer une double fonction, étant aussi Cdt du Cmdt des forces des E-U en Europe. Par ailleurs, un nouveau Cmdt fonctionnel, le Cmdt allié "Transformation", (ACT), commandé par le SACT (Cdt suprême allié "Transformation") sera créé pour promouvoir et superviser la transformation continue des forces et capacités de l'Alliance.

Traits essentiels du nouveau concept stratégique :


nouveau concept stratégique  OTAN


·      Préservation du lien transatlantique.

·      Maintien des capacités militaires de l’Alliance.

·      Développement de l’Identité Européenne de Sécurité et de Défense (IEDS).

·      Prévention des conflits et gestion des crises.

·      Partenariat, coopération et dialogue.

·      Elargissement.

·      Maîtrise des armements, désarmements et non prolifération.

Le Conseil de partenariat Euro-Atlantique: Un cadre de négociation  politique

Le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) permet aux 46 représentants des pays membres et partenaires de  se consulter et de coopérer. Il a été établi en 1997 pour succéder au Conseil de Coopération Nord-Atlantique (CCNA) créé en 1991. Outre les questions à court terme sur les sujets d’actualité politique et de sécurité, un Plan d’action du partenariat (PAP) d’une durée de deux ans rassemble les pays autour d’une question particulière: gestion des crises, questions régionales, maîtrise des armements et prolifération des ADM, questions environnementales, terrorisme...

Partenariat pour la Paix

L'Otan a signé de nombreux accords de coopération avec la plupart des états européens non membres et tous les pays de la CEI. Le Partenariat pour la paix (PPP) s’inscrit dans le cadre général de « Partenariat Euro-Atlantique » qui vise à asseoir la stabilité dans cette zone, à réduire les risques de conflit et à la promotion des valeurs démocratiques. Depuis sa création en 1994, l’invitation à se joindre au PPP a été acceptée par 30 pays au total, dont trois – la République tchèque, la Hongrie et la Pologne - sont depuis, devenus membres de l’Alliance. En 1997, l'Otan et la Russie ont signé l'acte fondateur sur leurs relations futures. Quelques jours plus tard, une charte Otan-Ukraine a été paraphée à Sintra (Portugal).

Le Dialogue sur la Méditerranée

L'OTAN a lancé en 1994 un dialogue avec 6 pays méditerranéens: L'Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie. Depuis mars 2000 l'Algérie participe également à ce dialogue. Celui-ci vise à instaurer de bonnes relations et à favoriser une meilleure compréhension mutuelle dans l'ensemble de la région méditerranéenne et aussi à y renforcer la sécurité et la stabilité. 

    Le dialogue sur la méditerranée repose directement sur la reconnaissance du fait que la sécurité dans l'ensemble de l'Europe est étroitement liée à la sécurité et la stabilité de la méditerranée. 

La Force de réaction (North Reaction Force-NRF-): au centre de la transformation de l'OTAN

La NRF sera un paquet cohérent de forces interarmées et multinationales à niveau de préparation élevé, faisant appel aux technologies de pointe, déployable, interopérable, et apte à soutenir des opérations prolongées. Cette force dont la pleine capacité opérationnelle sera atteinte au plus tard pour Octobre 2006 aura des tâches qui varient de la dissuasion, des opérations de défense collective ou de gestion des crises et stabilisation. 


Ainsi donc, avec la chute du mur de Berlin et l'apparition de nouveaux risques, l'OTAN  a connu des transformations tant au niveau politique que militaire qui visent à appréhender les nouvelles dimensions de la sécurité et à développer ses capacités  d'action à travers le concept militaire de défense contre le terrorisme et la possibilité de déployer rapidement des forces partout où elles sont nécessaires. Cependant des limites risque d’entraver cette évolution :

- l’élargissement pose les difficultés de fonctionnement ;

- Le consensus sera aussi difficile car les intérêts sont parfois divergents, surtout quand il s’agit d’intervenir militairement hors de la zone Euro-Atlantique. La résolution 1441 du C.S montre que la menace peut être perçue de façon différente ;

- les dépense dans la défense: le GAP ne cesse de se creuser entre les 2 côtés de l’Atlantique au niveau des équipements, obérant ainsi largement les possibilités d’interopérabilité des forces.

- Les dissensions en son sein après l'attaque terroriste du 11 sept 2001 et la guerre contre l'IRAK en 2003 pose de nouvelles questions.

L'OTAN: Un espace de défense européen naturel.

Depuis sa création, l’Otan a joué un rôle essentiel sur le continent européen. Initialement conçue comme des accords de défense communs, l’Alliance a élargi son champ de compétence et ses missions vers plus d’engagement extérieur ; elle est en constante transformation vers d’autres missions périphériques. Cependant, la culture otanienne s’est largement répandue en Europe et a contribué de nombreuses fois avec crédibilité à maintenir, imposer ou renforcer la paix. 
Structure emblématique faisant face au pacte de Varsovie, l’aura de l’Otan est particulièrement rayonnante chez les anciens pays de l’URSS devenus indépendants. Les derniers membres de l’UE  se sont d’abord rapprochés de l’Otan avant l’UE. Cette chronologie n’est pas anodine : elle illustre la préoccupation première de ces Etats qui voulaient avant toute chose se prémunir d’une emprise russe trop importante, notamment militaire.
Cette relation avec la Russie, illustrée en première partie avec les points de vue polonais et tchèques, conditionne beaucoup de choses au sein même de l’UE et de l’Otan.

La problématique de la MD en Europe, vis-à-vis de la Russie, est bien évidemment la position américaine aux frontières de la Russie ou des Etats très proches de celle-ci, comme l’Ukraine ou la Biélorussie. Les sommets Otan-Russie qui se tiennent régulièrement depuis la fin de la Guerre Froide deviennent tendus avec le dossier du bouclier. Celui-ci, à l’origine non souhaité  par l’alliance atlantique, est désormais au cœur des relations bilatérales. Le retrait de la Russie du traité des Forces Conventionnelles en Europe (FCE), en réaction directe au bouclier antimissile américain, lui permet de redéployer sur son territoire des forces sans en informer l’Otan. D’une manière générale, les relations se sont dégradées depuis début 2007, annonce du troisième site européen du bouclier.

Pourquoi l’Otan est-elle si impliquée dans ce dossier auquel en théorie elle est étrangère ?


Dans un premier temps, parce que les Etats-Unis sont le premier contributeur des forces de l’Otan et que plusieurs des commandements américains sont fusionnés avec ceux de l’Otan : un général américain est à la fois le chef d’une structure de l’Otan et d’une chaîne de commandement américaine. Ensuite, par sa nature initialement défensive, l’Otan est un cadre naturel de la défense collective euro-atlantique. L’extension de la MD en Europe pourrait facilement se concevoir au sein de la structure de l’Otan car elle correspond aux schémas déjà en vigueur dans l’alliance.

Cette dernière raison pousse bon nombre de pro-atlantistes dans la voie d’un engagement plus fort de l’Otan dans la MD. Comme une réponse à l’absence de cadre formel des négociations bilatérales qui s’opèrent, l’Alliance dispose d’une structure parfaitement interopérable avec les Etats-Unis et rassemble une grande majorité des pays du continent européen concernés par la menace balistique. Enfin, les travaux et les réflexions menées sur la défense de théâtre sont une base solide pour continuer vers la MD.

 Cependant, l’absence de la couverture au sud de l’Europe du bouclier inquiète plusieurs pays de l’Otan, dont l’Espagne, sur la poursuite du projet actuel et milite en faveur d’une action plus coordonnée sur ce sujet.

L'OTAN: Quelle coordination avec l’UE ?


Les relations entre l’UE et l’Otan sont complexes et instables. Chaque structure est en cours d’évolution ou de transformation et vise à élargir son domaine d’action. Tout en essayant d’éviter les doublons, la récente volonté de l’UE de faire monter en puissance sa capacité d’action militaire est significative. Pour s’affranchir encore un peu plus du recours aux accords dits de « Berlin+ », l’UE se dote d’une capacité de planification autonome et tente de démontrer sa crédibilité face à un Otan souverain dans le domaine militaire. En parallèle, l’Alliance cherche à approfondir sa capacité dans les missions périphériques des théâtres d’engagement, y compris sur des volets plus civils ou sécuritaires. Ces efforts individuels attisent une certaine concurrence et créent le doute quand à la pertinence de l’une ou de l’autre  évolution selon que l’on soit atlantiste ou européaniste.

Les enjeux industriels et technologiques décrits supra ne sont incompatibles d’aucune structure puisqu’ils sont avant tout le résultat d’une décision nationale. La plupart des protagonistes européens dans ce dossier faisant également partie de l’Otan, l’enjeu des structures le mettant en œuvre n’est pas problématique en soi.

Les enjeux d’organisation et de structures sont différents, et répondent à une logique d’implication nationale vers l’un ou l’autre des systèmes. Pour conserver l’autonomie stratégique de l’UE en matière de MD, nous avons vu quelles filières il serait intéressant de développer. D’un point de vue organisationnel, la maîtrise de l’analyse de la prolifération balistique est un enjeu majeur pour l’Europe. La France semble suivre cette voie et donner plus de crédit au renseignement en général, au vu des dernières orientations pressenties du nouveau Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité. Cette orientation conditionne les prises de décision politique et donc de défense.

La création d’une structure européenne chargée de recueillir et d’analyser les sources inter-agences et intracommunautaires en matière de renseignement, et en particulier dans le domaine de la prolifération balistique, serait un gage de succès et de crédibilité au sein d’une MD en Europe, y compris dans un cadre otanien. Les relations entre l’UE et l’Otan, bien qu’ambigües, évoluent déjà vers une concertation des différentes instances. La dualité des nations dans les deux structures facilitent cette action. Comme il ne s’agirait pas là d’engager des moyens sur un théâtre et de faire valoir l’un ou l’autre, un échange ou un partage de l’information entre l’UE et l’Otan est envisageable.

En dehors des instances dédiées au partage du renseignement, il paraît difficile de confier à l’UE la gestion opérationnelle d’un outil à vocation défensive propre à une alliance. L’Union évolue vers plus de clauses de défense mutuelle, sans pour autant jouir du passé et des origines de l’Otan. L’éventualité d’un bouclier « européen » ou d’un troisième site intégré au système américain ne pourra donc se faire que dans un cadre otanien. Cependant, il conviendra de régler la problématique des Etats non couverts par ce bouclier, qui n’accepteront pas de l’intégrer à une alliance sans avoir les gages de sécurité associés. La problématique polonaise du risque majeur qu’elle encoure à héberger les intercepteurs sur son sol s’étend par nature à une alliance qui ne protégerait pas certains Etats.

L’élargissement peut de l'OTAN se lire de plusieurs façons :

 projection d’influence en EUROPE, accès aux marchés sans prise de possession territoriale, outil de défense d’une OSCE renforcée, outil subtil d’une implication russe à un condominium inégalitaire avec les Etats Unis, ou encore moyen de dénaturer l’Alliance par une politique « tous azimuts » liée à une reconversion vers le « hors zone (=out of area) ». Telles les langues d’Esope, l’OTAN pourrait ainsi devenir la meilleure et la pire des choses.



Mais il est clair qu’aucune architecture de sécurité en EUROPE n’est concevable sans la RUSSIE. Quels que soient les procédés ou les solutions qui se dégageront de l’évolution des relations internationales sur cette question, il est nécessaire pour qu’ils soit durables, qu’ils établissent une réelle possibilité d’expression pour une RUSSIE qui sera devenue politiquement et économiquement stable, gagnée à la réalité d’une coopération dénuée d’arrière pensées et partant, plus confiante.

L’après crise du KOSOVO permettra-t-elle d’en tirer toutes les leçons ? La période qui débute pourrait permettre un nouveau démarrage comme le laissent entrevoir à la fois les intentions traduites
dans le nouveau concept de politique étrangère et les positions exprimées par les Alliés dans les derniers débats sur le devenir de l’OTAN. Ce refus de s’abstraire de la réalité russe est déjà inscrit dans l’Acte Fondateur, il faut espérer que dans l’intérêt de tous les acteurs, il puisse demain ouvrir de horizons nouveaux.

Mais l’actualité des dernières semaines fournit un éclairage différent qui semble inviter à tempérer l’optimisme, rappelant de quel poids peuvent peser les retournements de la politique. En effet, un mois à peine après la prise de fonctions de G. W. BUSH, un vent froid recommence à souffler sur les relations entre RUSSIE et Etats-Unis . Sur fond d’opposition au projet américain de National Defence Missile, le fossé s’est encore creusé à la faveur des récentes ventes d’armes russes à la CHINE, l’INDE et à

l’IRAN et des projets de relations commerciales en matière de défense avec la COREE du Nord et la LYBIE, moyen de favoriser la relance de l’économie, mais sans doute aussi de continuer à être pris au sérieux.

Compliquée par la récente affaire d’espionnage au sein du FBI et les expulsions de diplomates qui l’ont suivie, la relation RUSSIE-Etats-Unis est à nouveau émaillée d’invectives dignes de la guerre froide. S’il est encore trop tôt pour préjuger de l’avenir en raison notamment de ce que la politique étrangère BUSH n’en est encore qu’au stade de l’élaboration, il faudra néanmoins se montrer attentif à l’évolution de ce vent froid qu’alimentent de part et d’autre les tendances « pures et dures ». Si les faucons américains de l’administration BUSH parient sur le fait que la RUSSIE ne peut se permettre une nouvelle guerre froide, les Russes pourraient, en réactivant l’idée gorbatchévienne de « Maison Commune », pousser leurs pions en direction des Européens, dans un temps où les Américains se disent hostiles à la Politique Européenne de Sécurité et de Défense.

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